Le Pôle de Dakar de l’Institut international de planification de l’éducation, LuxDev et l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation se sont associés pour organiser durant le premier semestre 2018 un atelier de partage et de renforcement réunissant des acteurs-clés, publics comme privés, issus de 25 nations.
L’objectif principal de l’atelier était de contribuer au renforcement de la qualité du partenariat public-privé dans le domaine de la formation professionnelle en Afrique.
Pour ce faire, il a permis à 18 pays africains de partager leurs approches, expériences, visions et questionnements sur les voies et moyens de renforcer la qualité et la performance du partenariat public-privé dans leur secteur. Par ailleurs, l’atelier a renforcé le dialogue entre acteurs du secteur public et ceux du secteur privé. Il a également stimulé l’approche de la mise en réseau par le partage d’expériences pratiques. Pour conclure, l’atelier à permis d’approfondir la compréhension pratique et fonctionnelle d’aspects cruciaux du développement des partenariat public-privé du secteur.
L’un des principaux thèmes abordés concernait les concepts et enjeux des partenariats publics-privés dans le contexte de la formation professionnelle africaine. A l’issue de l’atelier, il s’est avéré qu’il existe une grande diversité de compréhensions des partenariats publics-privés en Afrique et que les principaux enjeux contextuels sont la décentralisation et/ou régionalisation du pilotage, l’autonomie des Centres de formations professionnelles, la coordination effective des secteurs et la pérennité.
Un autre point essentiel au sujet des partenariats publics-privés est leur vocation à adapter l’offre des formations professionnelles aux besoins de l’économie. En effet, les besoins de compétitivité faisant du développement des compétences un investissement stratégique pour les entreprises, l’identification des besoins en compétences et leur évaluation externe sont des démarches-clés qui influencent l’offre de la formation ou la rénovation de l’apprentissage.
L’offre de la formation découlant du besoin en compétences de l’économie, plusieurs outils permettant d’identifier ces besoins, ont été mis en avant lors de l’atelier :
- les diagnostics, de l’économie nationale et sectorielle, du dispositif de formations professionnelles ;
- les analyses des situations de travail via les répertoires emploi- métier, ou emploi-compétences ;
- les études d’opportunité de création d’un cen3tre de formation ;
- l’analyse des données d’insertion professionnelle ;
- les analyses socio-économiques régionales.
Pour optimiser l’utilisation de ces outils, il convient de les combiner de manière pertinente en fonction du contexte, de mettre en place une instance partenariale appropriée pour les exploiter et d’encadrer les différentes démarches au moyen de bases juridiques et réglementaires claires.
L’Atelier a démontré que cette optimisation n’est évidemment efficace qu’au travers de l’implication des entreprises, ce qui suppose des partenariats publics-privés solides.
Par ailleurs, l’atelier a mis en avant l’importance de la mesure de l’adéquation des formations avec les besoins économiques. Pour ce faire et guider les actions menées. Malheureusement, il a été constaté que les outils de mesure récents sont inadaptés et ne permettent pas d’optimiser la transition des apprenants vers le monde du travail ou vers la création d’entreprises. Par conséquent, il y a un gros travail à réaliser en la matière.
Un dernier outil abordé lors de l’atelier, permettant d’adapter l’offre des formations professionnelles aux besoins de l’économie via les partenariats publics-privés, est la mise en place d’un apprentissage rénové. Tous les participants étaient d’accord sur le fait qu’il est nécessaire de développer et de valoriser l’apprentissage rénové. Pour ce faire les outils répertoriés sont :
- les référentiels de formation et de certification ;
- les normes d’organisation des formations ;
- les normes de l’évaluation et de certification ;
- les cadres partenariaux de pilotage ; et
- le financement participatif.
La méthodologie doit être participative et inclusive et nécessite, en particulier, une implication effective des artisans quitte à mettre en place des mesures incitatives.
Afin que les partenariats publics-privés puissent correctement jouer leur rôle de lien entre la formation professionnelle et les besoins économiques, les actions suggérées au terme de l’atelier sont :
- privilégier une approche tripartite ;
- renforcer le leadership de groupements professionnels en matière d'outils d'évaluation et d'insertion ;
- faire évoluer les partenariats au sein de la gouvernance ;
- améliorer le couplage entre le pilotage, l’accompagnement et le suivi de l’insertion ;
- garantir l’indépendance des organes d’évaluation ; et
- renforcer les compétences des Centres de formation.
Finalement, le dernier thème abordé lors de l’atelier a porté sur l’intégration des partenariats publics-privés dans le pilotage et la gouvernance de la formation professionnelle.
Pour que la formation professionnelle évolue de façon optimale, il est impératif que le public et le privé investissent dans la formation.
Dans ce cadre, l’enjeu principal est d’arriver à un engagement effectif du secteur privé dans la prise de décisions opérationnelles des centres de formation professionnelle. L’autonomie des centres, la réglementation positive de la gestion financière, administrative et pédagogique sont autant d’éléments à prendre en compte afin de positionner les centres de formations comme centres de ressources des branches professionnelles.
Dans le domaine du de pilotage et la gouvernance de la formation professionnelle, les partenariats publics-privés jouent également un rôle important au niveau de la formation et de la gestion des formateurs. De par leurs connaissances des besoins, les entreprises peuvent grandement aider en ce qui concerne la détermination de profils précis pour les formateurs, la validation des contenus de cours et formation ainsi que pour l’évaluation des performances des formateurs. L’atelier à permis de fait ressortir l’intérêt des approches modulaires et de la formation appliquée.
Le dernier volet important du pilotage et de la gouvernance concerne les modèles et outils de financement partenarial de la formation professionnelle. Il s’avère que, les États manquant de fonds, les entreprises ont dû s’impliquer. Ce financement constitue donc un terrain très favorable aux partenariats publics-privés qui de plus permettent une meilleure pérennité, qualité, et pertinence aux besoins nationaux, sociétaux et du marché de l’emploi.
Aussi, dans la mesure où l’administration accepte d’ouvrir la porte aux partenaires privés et à condition de réglementer positivement l’autonomie financière, administrative et pédagogique des centres, il existe une réelle opportunité de partenariats publics-privés au niveau des centres de formation destinés à la formation des formateurs.
En conclusion, l’atelier s’est montré très productif et permet de dire que le panorama actuel des partenariats public-privés dans le domaine de la formation professionnelle en Afrique laisse présager des évolutions porteuses de véritables valeurs ajoutées, comme la gouvernance inclusive, le développement des compétences et des soft skills, la gestion des Centre de formation professionnelle axée sur les résultats d'insertion, la formation initiale/continue intégrée, tout comme le financement diversifié stable et durable. Et même si les expériences de partenariats, public-privés, public-publics, privé-privés, public-civils, et même tripartites sont déjà nombreuses et riches, il semble ne faire aucun doute que les cadres sont amenés à se diversifier et à s’intensifier.
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