La région de Dosso est située à l’extrême Sud-Ouest de la République du Niger et couvre une superficie de 31.000 km² subdivisée en huit départements et 43 communes. Elle compte 2.040.699 habitants dont 1.041.058 femmes avec un taux d’accroissement annuel de 2,7%. L’agriculture et l’élevage constituent les deux principales activités de production des populations. En 2012, la situation des secteurs sociaux de base se caractérisait par une couverture sanitaire de 44,46 %, un taux brut de scolarisation de 79,2% et un taux d’alphabétisation des adultes de 28,4%.
L’analphabétisme des adultes rend difficile la perception par les populations des politiques et stratégies de développement entreprises par l’Etat, les collectivités, les projets et les ONG. Ce qui a comme corollaire des difficultés de capitalisation des actions de formation et de sensibilisation ; des problèmes d’autopromotion des organisations paysannes et de pérennisation des actions de développement.
Caractéristiques de l’alphabétisation
Au démarrage du projet NIG/019 A-PDDE, l’alphabétisation dans la région était caractérisée par (i) une forte demande d’alphabétisation (ii) une faiblesse de l’efficacité interne et externe des programmes (taux d’abandon 40%, taux de réussite 51%) (iii) une disparité dans la répartition de l’offre entre les zones et (iv) une faible capacité de coordination des interventions par les services techniques. Du reste, l’enjeu de toute intervention doit être l’amélioration de la livraison et la pertinence des programmes d’alphabétisation et d’éducation non formelle.
Apprenantes d’un centre alpha à Loga
Processus de conception et d’opérationnalisation du fonds
L’intervention du NIG/019 est basée sur trois axes essentiels : (i) la conception et l’opérationnalisation d’un fonds régional pour l’alphabétisation afin de résoudre le problème de sous financement du sous-secteur ; (ii) l’émergence d’opérateurs professionnels pour développer le partenariat et la stratégie du faire-faire et (iii) la promotion d’une approche qualité des services d’AENF pour améliorer l’efficacité interne et externe des programmes. Le processus a été conduit selon une approche participative ayant impliqué aussi bien les acteurs régionaux que nationaux (Ministère de l’Enseignement Primaire, Ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, Ministère des finances) ainsi que les partenaires techniques et financiers de l’éducation.
1) Conception du FRAENF : elle a été réalisée en trois phases :
- Phase collecte des données ayant permis de concevoir et de valider un document de diagnostic de l’AENF, de réaliser un voyage d’étude au Burkina Faso au niveau du projet BKF/014 et une étude préalable à la mise en place du fonds. Les résultats de cette phase ont permis de mieux guider les équipes dans le travail de conception du fonds.
- Phase conception : elle a permis de produire le document de cadrage et le manuel de gestion du fonds ainsi que des textes portant création et fonctionnement du fonds. Ces textes d’application nationale et signés par la Ministre de l’Enseignement Primaire, sont élaborés dans le but de combler le vide juridique qui caractérise le sous-secteur et d’améliorer les conditions favorables à l’opérationnalisation du fonds. A ceux-là s’ajoute l’élaboration d’un plan triennal (2014-2016) de développement de l’AENF qui sera un outil important pour l’opérationnalisation de l’instrument financier. La gestion sera assurée par trois organes (Conseil d’Administration, Comité Régional de Sélection et une unité de gestion) regroupant tous les acteurs de développement économique et social de la région et s’appuyant sur les structures étatiques régionales et départementales. Le document de cadrage définit aussi des stratégies de mobilisation des ressources et des procédures d’exécution des dépenses.
- Phase finalisation ayant permis d’installer les organes de gestion du fonds et de mener des activités d’internalisation des outils d’opérationnalisation du FRAENF.
2) Emergence d’opérateurs professionnels : les activités réalisées à travers cet axe ont permis d’élaborer un répertoire des opérateurs et de procéder à leur diagnostic organisationnel et institutionnel, de mettre en place des cadres départementaux et un cadre régional de concertation des acteurs de l’AENF, d’élaborer un programme de formation et de renforcement des capacités des opérateurs, cadres alpha et cadres des collectivités territoriales et de concevoir les modules de formation (14 modules de formation élaborés suite à l’identification des besoins en formation). Au stade actuel du processus, deux sessions de formation et de renforcement des capacités ont été tenues et ont permis de toucher 164 personnes (STD et opérateurs).
3) Développement d’une approche qualité des services d’AENF basée sur la demande : les activités menées à travers cet axe ont consisté à (i) établir un ciblage des groupes dont l’alphabétisation pourrait stimuler les activités économiques et sociales ; (ii) concevoir et implémenter chez les acteurs (opérateurs, STD et CT) un référentiel des compétences de base en AENF et (iii) concevoir un dispositif et des outils de suivi et évaluation en AENF.
Réalisation de deux campagnes d’alphabétisation
En attendant le lancement du FRAENF, dès octobre 2012, le projet a financé deux campagnes d’alphabétisation ayant permis de mesurer les capacités des opérateurs et de tester (i) des outils pour la labélisation des opérateurs, (ii) des programmes de formation à la carte et (iii) des outils de collecte et de traitement des données. Le cumul des deux campagnes donne 20 opérateurs labélisés, 252 animateurs/alphabétiseurs formés et 6833 apprenants inscrits dont 4943 femmes. Les centres d’alphabétisation ont enregistré un taux de réussite de 53% contre une moyenne régionale de 51,70%.
Les acquis du processus d’implantation du fonds
Mobilisation et participation de tous les acteurs (STD, opérateurs, collectivités territoriales, secteur privé) dans la planification et la mise en œuvre des actions de promotion du sous-secteur ;
Amélioration de l’environnement juridique, institutionnel et technique favorable à l’opérationnalisation du FRAENF (implantation des cadres de concertation, disponibilité des textes, d’outils de planification et de gestion efficace des activités du sous-secteur);
Disponibilité d’opérateurs compétents et formés en planification et mise en œuvre des programmes d’AENF de qualité ;
Intérêt manifesté par certains bailleurs de fonds pour adhérer au FRAENF et un début d’harmonisation des interventions dans le sous-secteur.
La région de Dosso dispose désormais d’un instrument financier qui peut servir de « pot commun » à tous les partenaires financiers de l’alphabétisation. Cet instrument unique en son genre au Niger, une fois bien géré, permettra sans nul doute de :
- mobiliser des ressources importantes pour le développement de l’AENF ;
- responsabiliser pleinement les acteurs régionaux et locaux de l’éducation, dont les Collectivités territoriales, dans la gestion des ressources destinées au développement du sous-secteur ;
- financer à temps, les campagnes d’alphabétisation, les projets innovants en matière de développement de l’environnement lettré ;
- harmoniser les interventions et développer des synergies d’actions ;
- amener progressivement les différents contributeurs à s’aligner aux procédures nationales de financement et de gestion des ressources allouées à l’AENF.
Apprenante du centre alpha de Sokorbé
En définitive, l’initiative répond parfaitement à la problématique de l’insuffisance des ressources financières et pourrait aussi servir de test dans la perspective de la mise en place du fonds national prévu dans le document de la politique nationale de l’AENF.
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