L’intégration des femmes dans les filières agricoles n’est pas évidente dans un secteur dominé par les hommes chefs de famille. Dans la région de Sikasso au sud du Mali, l’exemple de deux agricultrices montre que la filière pomme de terre peut devenir un puissant vecteur d'émancipation féminine. Grâce au soutien du Programme d'appui aux filières agropastorales dans la région de Sikasso - Phase II, Ami et Kadidiatou montrent que la production agricole peut assurer leur indépendance économique et transformer leur vie.
Des parcours inspirants vers l'autonomie
À 29 ans, Ami incarne parfaitement la nouvelle génération d'entrepreneures agricoles maliennes. Ancienne animatrice au Comité régional de l'interprofession pomme de terre de Sikasso (CRIPT), elle a su transformer son expertise technique en entreprise florissante. "En accompagnant les producteurs, j'ai vu le potentiel incroyable de cette culture. Elle est non seulement rentable, mais m’offre aussi une chance de changer ma vie", confie-t-elle.
Ami
Kadiatou présente un parcours tout aussi remarquable. À 37 ans et mère de sept enfants, elle a pris la courageuse décision de quitter l'orpaillage, activité dangereuse et précaire, pour se consacrer à la pomme de terre. "Je savais que je devais me battre pour améliorer ma vie, et l'agriculture m'a offert cette chance", explique-t-elle simplement.
Kadiatou
Des défis surmontés, des vies transformées
Le chemin n'a pas été sans obstacles. Ami a dû maîtriser les techniques d'irrigation modernes et briser les barrières dans un secteur traditionnellement masculin. Kadiatou, quant à elle, a relevé le défi d'acquérir de nouvelles compétences agricoles tout en assumant ses responsabilités familiales.
Leurs efforts ont rapidement porté leurs fruits. Dès sa première campagne, Ami prévoit des gains de 900 000 F CFA (1 372 EUR). Pour le cas de Kadidiatou, elle a multiplié son revenu par deux, passant de 300 000 F CFA par an (457 EUR) dans l'orpaillage à plus de 600 000 F CFA (915 EUR) par cycle de production de pomme de terre, tout en diversifiant ses investissements dans le bétail.
"Je suis déterminée à garantir mon indépendance financière", affirme Ami. Pour Kadidiatou, cette réussite prouve qu'il n'est jamais trop tard pour changer de vie : "même quand on vient d'un milieu difficile, on peut réussir avec du travail et de la persévérance."
Un modèle pour l'émancipation féminine
La réussite d'Ami et Kadidiatou n'est pas le fruit du hasard mais le résultat d'une stratégie bien pensée. Elle repose sur trois piliers essentiels : formation technique ciblée, accompagnement personnalisé et développement de la confiance en soi.
L'accès à la terre, obstacle majeur pour les femmes agricultrices, a été surmonté grâce à l'action conjointe du programme, du Conseil régional, du Comité régional de concertation des ruraux et des autorités locales. Cette alliance stratégique a permis aux femmes d'obtenir des parcelles sécurisées, de renforcer leur potentiel de leadership par des formations adaptées à leurs besoins spécifiques. Le CRIPT a joué également un rôle déterminant dans ce dispositif en apportant son expertise technique, sur toute la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation. Cet accompagnement complet a permis aux producteurs et productrices non seulement d'optimiser leurs rendements, mais aussi de maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur pour maximiser leurs revenus.
Une opportunité pour les femmes rurales
Les parcours d'Ami et Kadidiatou ouvrent la voie à d'autres femmes rurales en quête d'indépendance. Ils montrent qu'avec une formation adéquate, un accompagnement adapté et une détermination personnelle, les femmes peuvent non seulement réussir dans l'agriculture, mais aussi transformer leur position sociale et économique.
Des initiatives comme celles-ci contribuent à bâtir un avenir où l'agriculture n'est plus seulement un moyen de subsistance, mais un véritable moteur d'émancipation et de développement durable, particulièrement pour les femmes rurales. La pomme de terre, bien plus qu'une simple culture, devient ainsi le symbole d'une révolution silencieuse mais profonde, où les femmes prennent progressivement en main leur destin économique.
Le Programme d’appui aux filières agropastorales dans la région de Sikasso - Phase II est cofinancé à parts égales par le Grand-Duché de Luxembourg et la Suisse, et mis en œuvre par LuxDev, l’agence luxembourgeoise pour la Coopération au développement.
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