Du 22 au 24 novembre 2021, une délégation de la Coopération luxembourgeoise, composée entre autres d’une représentante du ministère des Affaires étrangères et européennes et de la conseillère Afrique de LuxDev, a effectué une mission de terrain dans la région de Zinder. Cette mission, qui s’est déroulée à un moment charnière, entre deux Programmes indicatifs de coopération (PIC), a permis à la délégation de se confronter aux réalités du terrain et d’échanger avec les acteurs clés dans la région. Le nouveau PIC IV (2021-2026), dont la formulation a officiellement été lancée le 25 novembre 2021, poursuivra ses interventions à Zinder dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, de l’insertion et de l’emploi, du développement rural, de l’éducation et de la gestion des finances publiques, tout en mettant un plus fort accent sur les acteurs de changement au niveau régional et local.
Les femmes en première ligne : la délégation luxembourgeoise avec l’association des mères des élèves de l’école d’Angual Mado, région de Zinder @LuxDev
Rencontres avec les autorités locales
Au début de la mission, la délégation a rendu visite aux deux autorités de la région de Zinder, le Conseil régional et le Gouverneur. Ce fut l’occasion de présenter le nouveau PIC IV, au sein duquel la région de Zinder occupera une place grandissante, ainsi que de souligner l’importance des deux autorités régionales en tant qu’acteurs dans la mise en œuvre des programmes de la Coopération luxembourgeoise. « La région de Zinder a vraiment l’opportunité d’être une région de paix, il y a peu de problèmes de sécurité. Et elle présente beaucoup de potentiel vu la présence d’une bande agro-pastorale dans le sud de la région », a affirmé le secrétaire général du Conseil régional de Zinder. Le secrétaire général du Gouvernorat a quant à lui relevé l’importance d’appuyer davantage la jeunesse, en mettant l’accent sur la scolarisation des jeunes filles et l’orientation des filles dans les métiers agricoles. « Il faut davantage miser sur la jeunesse, qui est un atout important. Il faudra aussi orienter les jeunes filles vers le domaine de l’exploitation agricole, qui offre beaucoup d’opportunités économiques », a-t-il remarqué.
En ce qui concerne les défis auxquels la région doit encore faire face, les deux autorités ont surtout mis en avant la problématique du changement climatique. « La région subit les effets du changement climatique, même dans la bande agricole. Il sera important d’appuyer la petite irrigation et de récupérer les terres dégradées », a noté le secrétaire général du Gouvernorat. Au Conseil régional, le secrétaire général a quant à lui fait remarquer que « le changement climatique cause d’importants problèmes alimentaires. La campagne devient de plus en plus mauvaise et il faut réfléchir sur quel type de semences sera adapté aux nouvelles conditions climatiques ». La lutte contre le changement climatique constitue l’un des défis pris en compte dans les interventions prévues dans le cadre du futur PIC IV avec, pour objectif, de contribuer à terme au renforcement de la résilience des populations bénéficiaires face aux effets négatifs des chocs climatiques.
Faciliter l’accès à l’eau potable dans la commune de Tirmini
Dans le cadre du programme d’appui au secteur de l’eau et de l’assainissement (NIG/026), un nouveau système d’alimentation en eau potable multi-village a récemment été mis en service dans la commune de Tirmini. « Les installations sont arrivées à un moment important. La population a besoin d’un meilleur accès à l’eau », a affirmé le maire de Tirmini. Les nouvelles installations desservent plus de 3.800 personnes et sont composées de 10 bornes fontaines, d’un château d’eau et d’un forage. Ce dernier est alimenté par des panneaux solaires, « ce qui représente une véritable opportunité pour lutter contre le changement climatique » a noté un des partenaires sur place. Le Niger étant particulièrement vulnérable aux chocs climatiques, il sera primordial de continuer à prendre en compte cette question dans la gestion et la maîtrise des ressources en eau.
La délégation a eu l’opportunité de visiter Madatey, un des quatre villages desservis par ces installations afin d’échanger avec le chef du village et les bénéficiaires. « Avant, nous avions beaucoup plus de soucis pour aller chercher l’eau, surtout pendant la saison sèche. Avec la réalisation des nouvelles bornes fontaines, la vie est devenue beaucoup plus facile et calme », a confié l’une des femmes du village. L’eau est un élément central de la vie quotidienne au village. Un meilleur accès à l’eau permet d’améliorer les conditions de vie des populations à plusieurs niveaux, que ce soit sur le plan de la santé ou de la scolarisation des enfants. C’est particulièrement le cas pour les femmes et les jeunes filles, qui disposent désormais de conditions sanitaires acceptables et doivent consacrer moins d’énergie et de temps à la collecte de l’eau.
Le forage du système d’alimentation en eau potable multi-village (AEPMV) de Tirmini, région de Zinder @ LuxDev
L’impact du Fonds commun sectoriel de l’éducation dans la région de Zinder
L’école d’Angual Mado financée dans le cadre du FCSE, région de Zinder @LuxDev
Tout au long du programme NIG/023 qui vient en appui au secteur de l’éducation de base, la commune de Mirriah a bénéficié de plusieurs soutiens à travers les financements du Fonds commun sectoriel de l’éducation (FCSE), dont la construction de trois salles de classe pour l’école d’Angual Mado. « La Coopération luxembourgeoise est un partenaire très important, surtout si l’on regarde l’état des écoles à Zinder », a déclaré le maire de la commune de Mirriah. Alors que les infrastructures éducatives sont souvent en mauvais état, pouvoir s’appuyer sur des partenaires proches des communautés est en effet primordial afin d’identifier les besoins au niveau local. « Nous voulions construire de nouvelles salles de classe depuis longtemps mais le comité manquait de moyens », a confié le Président du Comité de gestion décentralisée des établissements scolaires lors de la visite de l’école d’Angual Mado. En dehors des contributions des parents, ces comités de parents d’élèves reçoivent une subvention du FCSE afin d’améliorer l’environnement scolaire, à travers des réalisations telles que la réhabilitation des tables-bancs et l’achat de matériel didactique.
Visite d’un lycée avec tables-bancs acquis dans le cadre du FCSE, ville de Zinder @LuxDev
Outre les investissements dans les infrastructures éducatives, les partenaires à Mirriah ont souligné l’importance d’accorder une attention particulière et des efforts spécifiques à la scolarisation des filles. Malgré les progrès réalisés, le taux de scolarisation au Niger reste faible, avec des fortes disparités entre les sexes, surtout dans les zones rurales. « Ce sont souvent des raisons socio-culturelles qui empêchent les filles de continuer leur éducation. Il est important d’intensifier les canaux de sensibilisation pour augmenter la scolarisation des jeunes filles », a souligné une femme membre de l’association des parents d’élèves. Dans ce contexte, l’appui de la Coopération luxembourgeoise à travers le FCSE a notamment permis de mettre en œuvre des campagnes d’information et de sensibilisation des principaux acteurs dans les communes et les villages de la région de Zinder.
La délégation a également eu l’opportunité de visiter l’atelier de Abdoul Nasser Salissou, un jeune entrepreneur qui, à seulement 22 ans, gère avec succès un atelier de menuiserie métallique à Zinder. En 2015, il avait été sélectionné pour poursuivre une formation de deux ans, financée par le Fonds d’appui à la formation professionnelle et l’apprentissage (FAFPA), structure chargée de la mise en œuvre de la formation professionnelle, dans le cadre du FCSE. « Après ma formation, j’ai été doté d’un kit d’accompagnement, ce qui m’a permis de m’installer à mon propre compte. Au début, je gagnais de petits contrats, mais avec le temps, mon activité a beaucoup prospéré », a expliqué le jeune entrepreneur. Il reçoit maintenant diverses commandes pour des portes et fenêtres de maisons, des charpentes pour les magasins ou encore des supports pour les châteaux d’eau. À son tour, il emploie huit jeunes et s’occupe également de l’accompagnement d’un apprenti. « Je remercie le FAFPA d’avoir financé ma formation et de m’avoir accompagné pour m’installer à mon propre compte. J’invite les autres jeunes à se former, pour apprendre un métier qui leur permettra de gagner leur vie », a ajouté le jeune menuisier métallique.
Le jeune menuisier métallique Abdoul Nasser Salissou dans son atelier à Zinder @ LuxDev
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