NIGER - Formation professionnelle : Rencontre avec les maîtres artisans
Pour une meilleure insertion des jeunes dans le tissu économique de leur région, le Projet d’appui à la formation et à l’insertion professionnelle des jeunes filles et garçons des régions de Zinder et d’Agadez (A- FIP, NIG/801) a opté pour deux modes d’insertion :
- l’insertion à travers un emploi salarié ; et
- l’insertion à travers l’appui à la conception et à la mise en œuvre de projets de micro-entreprise collectifs et individuels (subvention (40%) adossée à un crédit (53 %) et avec un apport personnel (7%)).
L’insertion des jeunes à travers un emploi salarié consiste à faciliter aux jeunes formés, arrivés au terme de leur stage dans les ateliers ou entreprises, le processus d’insertion dans ces mêmes structures en tant qu’employés salariés. Cette occupation leur permet non seulement de se fixer, de se perfectionner et de disposer d’un revenu régulier mais aussi d’acquérir la maturité requise pour initier leurs propres projets d’entreprise. Ce mode d’insertion fait partie intégrante des contrats signés entre le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA) et les opérateurs de formations dans lesquelles ces derniers s’engagent entre autres à assurer, à travers les ateliers de stages appuyés en équipements, un emploi salarié à au moins 50 % de jeunes finalistes des formations. Il est formalisé à travers un contrat de prestation signé en début d’insertion, lequel précise le mode de rémunération entre l’employeur et le jeune formé.
Nous sommes allés à la rencontre de maîtres artisans qui ont embauché des jeunes dans leur atelier. La plupart exercent leur activité depuis de longues années et ont déjà eu à former de nombreux stagiaires. Un des avantages principaux du projet, pour eux, est que ces apprentis sont restés dans leurs ateliers à la fin de la période de formation (au moins la moitié d’entre eux), leur fournissant une main d’œuvre formée, comme ils le souhaitent. Comme en témoigne Abdoul-Aziz Bouhari Anzi, vulcanisateur : « J’avais déjà l’habitude de recruter des apprentis avant le projet, mais après leur stage, ils ne restent pas chez moi. Le projet NIG/801 est un projet innovant et bien réfléchi. Il nous a permis non seulement d’avoir les jeunes en stage mais aussi la possibilité de garder d’autres avec nous pour développer notre micro-entreprise. »
Abdoul-Aziz Bouhari Anzi, vulcanisateur, et ses employés © LuxDev
L’autre avantage non négligeable a été le relèvement du plateau technique de ces ateliers pour fournir aux jeunes les meilleures conditions d’apprentissage. Toujours selon Monsieur Bouhari Anzi : « Faire partie du projet m’a permis de renforcer mes capacités entrepreneuriales à travers l’augmentation des postes de travail (acquisition d’un nouveau compresseur et petits outillages nécessaires à mon activité de vulcanisation, etc..), l’augmentation de la main d’œuvre qualifiée (meilleures prestations) et mon encadrement technique en tant que maître d’apprentissage. De plus, participer aux réunions organisées dans le cadre de la mise en œuvre du projet NIG/801 m’a permis de rencontrer mes confrères de la corporation. Cela a été aussi une fierté pour moi d’être reconnu par le FAFPA et la Chambre des métiers de l’artisanat du Niger (CMANI) comme étant un maître d’apprentissage. Pour conclure, je peux dire qu’à travers le projet NIG/801, j’ai eu une opportunité de bien développer ma petite entreprise et je peux travailler dans de bonnes conditions. Je sensibilise mes camarades de la corporation que le fait d’accepter les jeunes en stage dans notre atelier est une issue de promotion de l’entrepreneuriat ».
Amina Awais, formatrice en couture, fait également état de l’importance de l’aide apportée par le projet et également des rencontres avec les autres artisans du secteur : « J’ai choisi de participer à la mise en œuvre du projet NIG/801 afin de contribuer à l’insertion des jeunes et aussi profiter de l’occasion pour renouveler mes équipements et avoir l’opportunité de recruter quelques apprentis. Travailler avec les projets renforce aussi nos capacités à travers les échanges entre les couturiers de la commune. Cela nous donne l’occasion de nous retrouver ensemble et renforce notre activité ».
Amina Awais, formatrice en couture dame © LuxDev
Ali Gonda fait, quant à lui, état du manque de main d’œuvre auquel est confronté son secteur (électricité auto) et de la pertinence des filières choisies pour l’apprentissage des jeunes : « La filière électricité auto est une filière avec un besoin important en main d’œuvre qualifiée. C’est une filière qui emploie de la main d’œuvre des pays de la sous-région (Bénin, Togo, Nigéria, etc..) parce que la main d’œuvre locale n’est pas disponible en quantité et qualité suffisante. Vu le développement rapide des technologies automobiles, les véhicules ont plus tendance de nos jours à être électriques que mécaniques, d’où le besoin en main d’œuvre qualifiée ».
Ali Gonda, électricien voiture, et ses employés © LuxDev
Le Projet NIG/801, financé par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Union européenne et mis en œuvre par LuxDev, a déjà atteint des résultats probants tant en matière de formation que d’insertion directe :
- 347 actions de formation de trois et six mois ont permis de doter environ 6 592 jeunes, dont 41,6 % de filles, de compétences professionnelles leur permettant de s'insérer dans le tissu économique de leur région ;
- 347 centres de formation ont été dotés de matières d’œuvre, d’outillages et d’équipements offrant ainsi aux jeunes des conditions d’apprentissage et de travail améliorées ;
- 891 ateliers des maîtres artisans ont été équipés, améliorant ainsi le plateau technique des différents ateliers ayant accueilli les jeunes en stages pratiques et en insertion directe ;
- 1 268 jeunes, dont 450 filles (35,5%), sont insérés à travers un emploi salarié en rapport avec leur domaine de formation (données de la dernière enquête sur l’insertion réalisée en novembre 2019).
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