NIGER : L’insertion professionnelle des jeunes au Sahel, la Nouvelle Frontière d’une région fragile
En réponse à l’urgence sociale et sécuritaire au Niger, le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique de l’Union européenne finance l’insertion de jeunes ruraux déscolarisés via des formations qualifiantes, pratiques et de courte durée. Mis en œuvre par l’Agence luxembourgeoise pour la Coopération au développement (LuxDev), le « Projet d’appui à la formation et à l’insertion professionnelle des jeunes filles et garçons des régions de Zinder et d’Agadez » (A-FIP/NIG801) permet aux jeunes sans formation et sans activité d’acquérir un savoir-faire générateur de revenus et de s’insérer professionnellement dans le tissu économique local en tant qu’employé, auto-entrepreneur ou au sein d’un groupement économique.
Jeunes apprenant le code de la route dans le cadre de leur formation de chauffeur-mécanicien à Zinder © LuxDev
L’approche choisie permet d’intégrer comme acteurs du développement durable, les micro et petites entreprises du secteur informel rural et urbain qui constituent la très grande partie du tissu économique du pays, emploient la très grande majorité des jeunes et les professionnalisent essentiellement en situation de travail.
Au moyen d’une Convention de Délégation de Fonds signée entre le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA) et le Projet, les antennes FAFPA de Zinder et d’Agadez ont en effet lancé des appels à propositions ouverts aux centres de formation publics et privés ainsi qu’aux ateliers d’apprentissage. Dans le cadre de ces appels, les opérateurs de formation concernés s’engagent à insérer directement au moins 50 % des jeunes formés et à accompagner les jeunes restants dans l’élaboration de plans d’affaires pour l’auto-emploi.
Haouaou OUSSEINI et Maimouna ELH SOUMAILA, à gauche sur la photo, ont été engagées par la coopérative de transformation de produits agricoles GIE INCHA ALLAH au terme de leur formation, © LuxDev
Parmi les 1995 jeunes qui ont été formés en 2018, près des trois quarts, soit 1378 jeunes sont aujourd’hui insérés à travers un emploi salarié ou une activité d’auto-entrepreneur, dans les métiers de l’agro-pastoralisme, du service (coiffure, chauffeur), de l’artisanat ou encore de la mécanique.
Contrairement aux actions de formation réalisées au titre de la planification 2017-2018 qui étaient toutes de trois mois, la planification 2019 comprend 173 actions de formation de trois mois et 28 actions de formation de six mois, davantage adaptées aux spécificités de certaines filières porteuses retenues sur la base d’échanges avec les acteurs socio-économiques concernés. D’ici la fin de l’année 2019, 4020 nouveaux jeunes auront bénéficié d’une formation professionnalisante, au moins 50 % d’entre eux seront accompagnés pour une insertion à travers un emploi salarié et les autres seront soutenus dans l’élaboration d’un plan d’affaires et d’une demande de financement afin d’obtenir un crédit pour la création d’une micro-entreprise individuelle ou collective.
Formation en électricité au CFM de Matameye. Deux jeunes femmes ont choisi cette filière parmi les 15 apprenants du groupe, © LuxDev
En termes de participation des jeunes filles, le projet est parvenu en 2018 à dépasser la cible initialement fixée, en formant et 771 filles, soit 38,6 % des participants (contre 35 % prévus). Les efforts d’intégration des filles se poursuivent en 2019 et portent notamment sur leur participation dans des filières traditionnellement « réservées » aux hommes, comme la mécanique ou l’électricité.
Au-delà de ces résultats immédiats et de l’intégration professionnelle et sociale des jeunes qui ont bénéficié du projet, la diversité et la qualité des offres de formation dans les régions d’Agadez et Zinder se sont améliorées au bénéfice des tous les jeunes de ces deux régions. L’identification des besoins en formation dans une douzaine de filières, la cartographie des entreprises artisanales et des centres de formation et le rehaussement du plateau technique des entreprises artisanales et des centres de formation ont en effet élargi l’éventail des métiers et des possibilités de formations pertinentes.
La diversification de l’offre de formation dans une logique de chaines de valeurs et le développement de mécanismes de pilotage du système par la demande ont par ailleurs revalorisé l’image de la formation professionnelle aux yeux des autorités, des employeurs, des parents, et en premier lieu, des jeunes.
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