NIGER - L’auto-emploi : l’autre volet de l’insertion
Dans les régions d’Agadez et de Zinder, près de 6000 jeunes ont suivi des formations professionnalisantes dans des secteurs aussi variés que la mécanique, la menuiserie, l’électricité, la couture ou encore le maraichage et la transformation des produits agricoles. Ces jeunes, formés dans la cadre du projet d’ « Appui à la formation et à l’insertion professionnelle des jeunes filles et garçons des régions d’Agadez et Zinder » AFIP- NIG/801, n’avaient peu ou pas été scolarisés et n’exerçaient aucune activité. À la fin de leur apprentissage, tel que prévu par le projet, près de la moitié d’entre eux ont été embauchés par la structure dans laquelle ils avaient effectué leur stage pratique. Les autres jeunes ont fait le choix de se mettre à leur compte en créant leur propre microentreprises grâce à un mécanisme de financement à coûts partagés composé d’une subvention (40% du montant global du microprojet soumis par les jeunes) adossée à un crédit bancaire assuré par une institution financière, la BAGRI (53%) et d’un apport personnel (10%) fourni par les jeunes promoteurs.
Abdoul-Manan, 22 ans, originaire d’Agadez, est le premier à avoir bénéficié de ce mécanisme de financement. Il a réceptionné le matériel commandé grâce à l’appui du projet. Il s’est spécialisé dans la vente et la maintenance d’équipements photovoltaïques. Il explique ce qui l’a amené à être son propre patron :
J’ai choisi d’être auto – entrepreneur parce que je me sentais capable de voler de mes propres ailes. Après ma formation, j’ai suivi un stage en entreprise qui m’a permis de comprendre comment fonctionne une entreprise et maîtriser quelques compétences de base nécessaires à la pratique du métier. C’est de là qu’a germé l’idée que je pourrais être mon propre patron. J’ai analysé ma situation et je me suis dit que je peux gagner plus en étant indépendant que de travailler avec le Maître d’Apprentissage (MA) qui va toujours me considérer peut-être comme un apprenti. C’est pourquoi, dès la fin de la formation, j’ai continué à travailler avec mon formateur qui a aussi son entreprise et qui me confiait certains travaux d’installation et de maintenance en attendant que l’appui prévu par le projet arrive. Après plus d’un an de travail avec mon formateur, je me sentais déjà apte à créer ma petite entreprise en maintenance des installations solaires et vente des équipements
Abdoul-Manan, 22 ans, dans son magasin de vente d’équipements photovoltaïques © LuxDev
Le support fourni par le projet a été déterminant. En effet, les jeunes sont appuyés dans la constitution d’une demande de crédit, adossée à une subvention de l’ordre de 40% du montant emprunté :
Concernant le montage de mon dossier de demande de financement, j’ai reçu un appui des animateurs de l’ONG Adkoul « prestataire d’appui conseil au titre de la région d’Agadez ». Cet appui a consisté d’abord en l’élaboration du plan d’affaires puis des pièces administratives.
Une fois le dossier approuvé par le comité local de crédit de la Banque Agricole du Niger (BAGRI), nous avons reçu aussi un appui conseil relatif à la bonne marche de l’entreprise de la part de l’agent de la BAGRI qui s’occupe du volet crédit. Ce dernier nous accompagne jusqu’à la livraison des équipements par le fournisseur et à l’installation de l’entreprise.
Nous avons également reçu une aide précieuse de la part de l’Assistant Technique de la région d’Agadez du projet Appui à la formation et à l’insertion professionnelle des jeunes filles et garçons des régions d’Agadez et Zinder en vue de contribuer au développement socio-économique de ces deux régions, NIG/801. Il nous a aiguillés pour obtenir un financement et nous a conseillés de créer un plan d’action dans le cadre du processus de démarrage de notre entreprise. Par ailleurs, ma famille m’a aidé à trouver le local pour installer mon entreprise et nombreux sont ceux qui m’ont donné de précieux conseils pour prendre mon destin en main.
La création d’entreprises est déterminante pour l’insertion des jeunes au Sahel. En effet, le tissu économique existant ne permet pas d’assurer un emploi salarié à tous ceux qui sont en mesure de travailler. Abdoul-Manan se félicite d’avoir fait ce choix, car il se sent à même de relever ce défi :
Je suis très satisfait de ma démarche parce que je suis confiant et entouré de plusieurs conseillers (BAGRI, Assistant Technique NIG/801, ONG Adkoul, membres de la famille, etc..). Je me sens déjà responsable d’une entreprise. Dans les prochains jours, je vais faire les formalités administratives liées à mon entreprise, avoir le registre de commerce et le Numéro d’Identification Fiscal (NIF), commencer les actions de visibilité en confectionnant la plaque d’indication, le dépliant, les cartes de visite, etc.
La prochaine étape sera la recherche des clients et leur fidélisation. J’encourage la jeunesse qui souffre des problèmes de chômage et de sous-emploi de suivre mon exemple. Avec la persévérance et la motivation, tout est possible.
Abdoul-Manan, à la réception de son matériel, avec l’AT du projet AFIP-NIG/801 et les agents de la BAGRI © LuxDev
Selon les résultats d’une enquête indépendante réalisée auprès des jeunes appuyés par le projet, 1 938 jeunes se sont d’ailleurs insérés à travers la réalisation de leurs projets collectifs ou individuels sans attendre l’appui financier du projet.
Le projet AFIP-NIG/801 est financé par le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (FFU) de l’Union européenne et mis en œuvre par LuxDev, l’Agence luxembourgeoise pour la Coopération au développement. Il participe à la stabilisation de cette zone fragile en offrant aux jeunes peu ou pas scolarisés des perspectives professionnelles et sociales.
↑ Haut de la page