MALI - Qualité des semences de pomme de terre : les techniciens maliens s’inspirent de l’excellence belge
Comment s’inspirer de nouvelles pratiques pour produire des plants (semences) de pomme de terre de qualité, garants de rendements durables et compétitifs ? C’est dans cette optique que LuxDev a organisé, aux mois d’octobre et novembre 2024, un voyage d’études en Belgique au profit de trois techniciens maliens : deux agents du Laboratoire des semences (Labosem) et un spécialiste de la filière pomme de terre au sein du bureau de LuxDev au Mali.
L’objectif était d’acquérir une vision concrète des standards européens en matière de production, de contrôle et de certification, afin de mieux soutenir la filière pomme de terre dans la région de Sikasso, au sud du Mali. Ce séjour de formation a permis aux participants d’observer les différentes étapes de la production de plants de pomme de terre, depuis la multiplication in vitro jusqu’aux contrôles phytosanitaires approfondis. À travers des visites et échanges ciblés, ils ont pu découvrir des outils, des méthodes et des partenariats essentiels à une filière pomme de terre performante.
Des acteurs variés, un savoir-faire diversifié
Plusieurs structures belges ont accueilli les visiteurs, offrant une vision d’ensemble de la filière pomme de terre :
- Centre d’agronomie et agro-industrie du Hainaut (CARAH) : pour la comparaison des méthodes de multiplication et de certification entre la Belgique et le Mali ;
- Filière wallonne de la pomme de terre (FIWAP) : une association interprofessionnelle rassemblant 420 membres, illustrant l’importance de la collaboration entre producteurs, transformateurs, négociants et chercheurs ;
- Groupement wallon des producteurs de plants de pomme de terre (GWPPPDT) : 75 multiplicateurs semenciers produisant 60 000 à 70 000 tonnes de plants par an, démontrant la force d’une organisation structurée ;
- Service public wallon (SPW-DG03) : chargé de la certification, offrant un cadre légal strict garantissant la qualité des semences ;
- Condi-plant et Euroseeds : deux entreprises privées exemplaires, l’une spécialisée dans la production (7 000 à 9 000 tonnes/an), l’autre dans la commercialisation internationale, soulignant l’importance du maillon commercial ;
- Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) et Institut flamand de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) : acteurs-clés pour le contrôle sanitaire, démontrant la nécessité de normes rigoureuses et de partenariats institutionnels ;
- Laboratoire de la haute école de Condorcet : analyse des unités fertilisantes, extraction d’ADN, détection de nématodes, etc., offrant des approches scientifiques pointues au service de la qualité.
Visite du centre de triage et de conditionnement des plants (condi-plants)
Présentation de la procédure de certification des plants au laboratoire de Libramont
Échange avec le responsable du laboratoire de bactériologie à l’ILVO
Séance pratique de multiplication des vitro plants au laboratoire de Libramont
Vers des améliorations concrètes
Enrichis de ces nouvelles connaissances, les techniciens repartent avec des pistes d’action claires, pouvant être adaptées aux réalités maliennes. L’objectif est d’élever la qualité des plants, renforcer les contrôles et améliorer la traçabilité, pour garantir aux producteurs et aux consommateurs des standards élevés et une filière plus durable.
Les principales recommandations sont de :
- renforcer la certification et le contrôle : améliorer les compétences du personnel du Labosem et effectuer les contrôles prévus par la réglementation avant la mise en vente des semences fermières ;
- respecter les textes en vigueur : inciter les projets de multiplication à informer systématiquement le Labosem et à respecter les normes en vigueur ;
- optimiser le stockage : séparer les plants certifiés de ceux des producteurs, afin d’éviter les contaminations croisées ;
- soutenir la commercialisation : appuyer le Comité régional interprofessionnel de la pomme de terre de Sikasso dans la gestion et l’organisation des ventes et impliquer les multiplicateurs dans la prise en charge des coûts de certification ;
- renforcer la vigilance sanitaire : contrôler les semences à l’entrée sur le territoire, réaliser des essais post-contrôle et encourager le défanage pour préserver la qualité sanitaire.
Un avenir prometteur pour la filière pomme de terre
Ce voyage d’études en Belgique offre une feuille de route concrète : formation, application stricte des normes, sensibilisation et mobilisation de tous les acteurs. En adoptant progressivement ces bonnes pratiques, la région de Sikasso, et par conséquent le Mali, pourra consolider sa filière pomme de terre, accroître la confiance des acteurs et des consommateurs et assurer une production plus résiliente et compétitive à long terme.
Ce voyage d'études a été mené dans le cadre du Programme d’appui aux filières agropastorales - Phase II cofinancé à parts égales par le Grand-Duché de Luxembourg et la Suisse, et mis en œuvre par LuxDev, l’agence luxembourgeoise pour la Coopération au développement.
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