MALI - Partage d'un expérience inspirante dans le monde de la formation professionnelle
Le Conseil régional de Ségou, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, a organisé, à la fin de l’année 2019, un salon de l’emploi des jeunes dans le secteur agrosylvopastoral. 1er salon du genre organisé dans la région, il a rassemblé une vingtaine d’exposants, des acteurs publics et privés de la formation professionnelle et de l’emploi, des entreprises et des centaines de jeunes. Un intervenant, Boubacar Doumbia, a particulièrement attiré l’attention des organisateurs et des acteurs publics de la formation professionnelle et notamment celle du Conseil régional de Ségou et les centres de formation publics de la région. Boubacar Doumbia est le promoteur du centre de formation professionnelle N’domo, résolument tournée vers l’entreprenariat et l’auto-emploi et spécialisée dans la confection de Bogolan, ces fameux tissus Malien teinté suivant un style et une technique particulière. L’originalité de son centre est son modèle de gestion inspiré de la tradition et décrite dans un manuel dont il est l’auteur : « Le concept N’domo. Une réponse à l’entreprenariat solidaire et à l’emploi des jeunes ».
Ce manuel, qui est « la capitalisation de vingt années d’expériences d’entreprenariat social et solidaire sur l’utilisation du savoir-faire local et des valeurs sociétales innovées » et se veut une solution au défi de l’emploi des jeunes, a servi de support à l’atelier organisé en septembre 2020 par le Conseil régional de Ségou à l’attention de 35 responsables et gestionnaires de centres et instituts de formation professionnelle publics et privés de la région et d’agents du Ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Le but était de présenter aux participants un centre de formation fonctionnel, le N’domo, disposant d’outils de gestion adaptés et arrivant à fonctionner sans moyens mis à disposition par l’État, les Collectivités ou les partenaires techniques et financiers.
Le promoteur du centre N’domo a ainsi présenté son expérience basée sur une gestion innovante par la mise en place d’un dispositif de formation et d’auto-emploi bien structuré, soutenu par une gestion rigoureuse sur les plans administratif, technique et financier. L’innovation s’articule autour de deux axes :
L’utilisation d’un savoir-faire local comme un levier permettant de créer des emplois durables pour les jeunes.
Le savoir-faire choisi est l’exploitation des techniques traditionnelles des teintures naturelles sur des supports 100% coton produits au Mali. La transformation du coton sur le plan local crée des emplois pour les filières filage, tissage, teinture, décoration et confection et de la richesse !
L’adaptation des valeurs sociétales explorées pour l’organisation et le fonctionnement du centre N’domo que l’on caractérise d’entreprise solidaire !
Au cours de l’atelier, les réactions ont été nombreuses et les participants, en prenant la parole, ont presque unanimement qualifié le centre N’domo « d’entreprise-école ». Certains responsables de centres de formation, tant public que privé, ont trouvé l’expérience réplicable dans leur contexte, notamment pour les filières de formation maraichage et transformation agroalimentaire. Le directeur général de l’Institut de Formation professionnelle de Konobougou dira ceci dans son intervention : « nos structures de formation viennent de découvrir une piste précieuse pour optimiser les opportunités qui se présentent à elles pour concrétiser leur désir de former et d’insérer les jeunes ». Plusieurs structures de formation se sont engagées à poursuivre les échanges avec le centre N’domo en vue d’une adaptation de l’expérience à leur centre.
L’atelier a pris fin par une visite guidée des ateliers de formation, de production et d’exposition/vente des produits du centre N’Domo, ce qui a permis aux participants de voir la matérialisation du concept.
Pour l’histoire, « le n’domo est un rite d’initiation des jeunes dans la société traditionnelle bamanan. « Don mᴐ » qui est actuellement prononcé « n’domo ou ntomo » signifie littéralement « la pêche du savoir » ou la quête de la « connaissance ». Autrefois, cette quête de connaissance était la toute première étape d’initiation, d’orientation et de recherche de la plénitude que les jeunes de sept à dix ans devaient avoir jusqu’à l’âge de dix-huit à vingt ans.
Pour aller plus loin, lien vers le Manuel « Le concept N’domo. Une réponse à l’entreprenariat solidaire et à l’emploi des jeunes », cliquez ici.
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