En se promenant début décembre dans les régions Centre et Nord du Sénégal, on pouvait voir un peu partout des apprentis, un peu anxieux mais surtout très concentrés, s’affairant à leur atelier de menuiserie, derrière leurs fourneaux ou encore le nez au fond d’un moteur de voiture. En effet, du 5 au 8 décembre 2018, plus de 860 apprentis ont passé leur examen afin d’obtenir une certification d’aptitude ou de compétence professionnelle (CAP ou CCP) délivrée par le ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat.
Bien que l’apprentissage auprès de maîtres artisans existe depuis longtemps au Sénégal, jusqu’en 2007 ce type de formation traditionnelle n’était pas institutionnalisé par un diplôme qualifiant. Les maîtres artisans de leur côté enseignaient leur art de manière assez théorique et hésitante. Être professeur, c’est un métier !
Un diplôme d’État pour des jeunes apprentis
Grâce à un travail de concert entre la Coopération luxembourgeoise et le Ministère, les apprentis ont pu apprendre leur métier tout en validant leurs compétences pratiques avec un diplôme d’État. Le but de cette initiative ? Valoriser l’apprentissage artisanal en le rendant qualifiant.
Des maîtres artisans renforcés en savoir-faire et équipement
Afin de mieux professionnaliser les maîtres artisans dans leur fonction de formateur, la Coopération a fourni aux maîtres artisans un appui par étape. Ils ont d’abord bénéficié d’une série de formations : ateliers techniques pour perfectionner leurs compétences pratiques, sessions de comptabilité pour maîtriser les outils de base de la gestion, sensibilisation aux règles de sécurité et de santé et enfin, formation à la pédagogie pour « apprendre à apprendre ».
M. Ngoor, maître d’apprentissage en couture:
Avant la formation, je ne faisais que montrer aux élèves ce que je savais faire, aujourd’hui je leur « fais faire » dès le début de leur apprentissage. Au début, il y a des ratés, mais globalement ils apprennent beaucoup plus vite.
Enfin, un bon ouvrier a de bons outils, c’est pour cela que la Coopération a fourni du matériel moderne aux maîtres artisans pour transmettre leur savoir dans les meilleures conditions possibles. C’est le cas de Mor, maître-apprenti garagiste qui, avec son nouvel appareil de diagnostic, montre à ses élèves comment comprendre les petits soucis des moteurs d’aujourd’hui, pétris d’électronique ! Ou encore Mossane Djim, maître d’apprentissage en menuiserie métallique, qui nous explique :
« Maintenant, avec la meule et les cisailles, je découpe des plaques de métal en quelques secondes; avant avec mes apprentis, cela prenait des heures de travail au marteau et au burin. »
Apprendre un métier pour gagner sa vie.
Après trois ans d’apprentissage et leur diplôme de menuiserie, restauration, mécanique automobile ou encore plomberie et maçonnerie en poche, les apprentis ne manquent pas de projets. Ces métiers du quotidien viennent assurer à ces jeunes une source de revenus dans des régions souvent excentrées, où les métiers traditionnels sont les plus demandés. C’est le cas de Gora Saby qui souhaite ouvrir son propre atelier une fois diplômé et même un jour, nous avoue-t-il, un sourire au coin des lèvres, devenir, lui aussi, maître d’apprentissage.
Pour info :
La formation et l’équipement des maîtres-artisans fait partie du « programme d’appui à la formation professionnelle et à l’insertion » (SEN/028) déployé dans le cadre du Programme indicatif de coopération III Sénégal-Luxembourg. L’activité, mise en œuvre par les comités régionaux d’appui à l’apprentissage (CRA), accompagnés par la Direction des examens, concours professionnels et certification (DECPC) et la Direction d’apprentissage, a touché plus de 860 élèves-apprentis dans 189 ateliers. Après trois années de formation en atelier, les apprentis ont bénéficié d’une certification qui a été délivrée par le Ministère.
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