NIGER - Clôture du programme NIG/802 - Un meilleur accès à l'eau dans les régions de Tahoua et Tillabéry malgré un contexte d'insécurité et une période restreinte
Infrastructures réalisées dans le cadre du PDU dans les régions de Tillabéry et Tahoua au Niger
En 2018, en vue de stabiliser les zones confrontées à la fois à des enjeux sécuritaires complexes et à de fortes vulnérabilités économiques, sociales et climatiques, les pays membres du G5 Sahel ont demandé au Secrétariat exécutif du G5 Sahel de concevoir un Programme de développement d’urgence (PDU). En réponse au souhait du Niger d’intervenir de façon urgente dans les zones cibles, l’Union européenne a contribué et financé un programme au Niger à hauteur de huit millions d'euros qui serait mis en œuvre par le ministère de l’Hydraulique et de l'Assainissement et ses services déconcentrés, en utilisant le canal du Mécanisme commun de financement (MCF), et en confiant l’exécution à LuxDev. Lancé en janvier 2020, ce programme de soutien au PDU a obtenu un co-financement des Pays-Bas à hauteur de deux millions d’euros et a pris fin en juin 2022, après 30 mois d’exécution.
DES RÉSULTATS PROBANTS MALGRÉ UNE PÉRIODE RESTREINTE
À l’issue de deux ans et demi de mise en œuvre, le programme de soutien au PDU a justifié de résultats tangibles dans les zones d’intervention où l’insécurité est forte et où l’accès des populations aux services d'eau potable et d'assainissement reste faible, avec 37 % pour la région de Tahoua et 51 % pour la région de Tillabéry.
L’accès à l’eau et à l’assainissement a été amélioré à travers des infrastructures favorisant le renforcement des services publics pour des populations vulnérables dans des zones fragiles :
- 100 000 nouvelles personnes sont desservies en eau potable avec la construction ou la réhabilitation de 40 adductions en eau potable desservant 50 villages ;
- 57 000 têtes de bétail supplémentaires ont maintenant un accès sécurisé en eau potable avec la construction ou la réhabilitation de 57 nouveaux ouvrages d’hydraulique pastorale (puits et stations de pompage pastorales),
- 215 latrines ont été réalisées : 96 dans les écoles, 78 dans les centres de santé et 41 dans les lieux publics.
Quand il n’y avait pas de château d’eau, en cas d’accouchement, il fallait puiser l’eau du puits pour effectuer le lavage des linges et autres. À présent, grâce à la réhabilitation du château d’eau, nous avons l’eau à notre portée et on s’en sert à volonté. Cela a vraiment amélioré nos conditions de vies. Aujourd’hui, nous sommes à l’abri des maladies liées à la consommation d’eau impropre.
Allassane SEYBOU, agent de santé du centre de santé intégré de Sargane, département de Ouallam – région de Tillabéry
Les capacités des acteurs dans la gestion des services de fourniture d’eau potable sont renforcées :
- 5 plans locaux d’eau et d’assainissement ont été réalisés permettant de renforcer les capacités des communes en planification stratégique sectorielle ;
- des délégataires ont été mis en placepar les communes bénéficiaires pour assurer le fonctionnement, la gestion et l’entretien des systèmes d’eau potable construits.
La cohésion sociale et la prévention des conflits sont renforcées dans une approche triple nexus développement-humanitaire-paix :
- atténuation des tensions liées à l’utilisation des ressources pastorales à travers la réalisation d’infrastructures d’hydraulique pastorale
- réduction des conflits autour des ouvrages hydrauliques et promotion de l’accès équitable des usagers à travers la signature d’accord sociaux ;
- promotion du dialogue communautaire.
Par le passé, nous avions connu des situations conflictuelles avec les transhumants. Maintenant, nous avons un accès à l’eau et en quantité suffisante. Aujourd’hui, nous vivons en harmonie grâce à ce programme qui a permis l’installation d’une station de pompage pastorale dans notre localité.
Daouda ABASS, bénéficiaire - commune de Fillingué, région de Tillabéry
Abreuvoir d’une station de pompage pastorale
UN ÉCOSYSTÈME RENFORCÉ AUTOUR DU SERVICE PUBLIC DE L’EAU
Ces réalisations ont fait naître un écosystème et des synergies autour du service public de l’eau potable, avec notamment :
- les communes propriétaires des ouvrages qui assurent, via un délégataire privé, le service public de l’eau ;
- les associations des usagers du service public de l’eau qui remplissent une fonction essentielle d’arbitre entre l’exploitant et les usagers ;
- les structures d’appui conseil du service public de l’eau qui assurent un suivi technique et financier ;
- les services déconcentrés du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement qui contrôlent la faisabilité technique et assurent le contrôle de la qualité de l’eau ;
- et enfin, les usagers qui achètent de l’eau au robinet.
Les efforts conjugués de tous ces acteurs ont abouti à :
- renforcer le tissu organisationnel et sociétal du village qui intègre maintenant des déplacés de la région en toute quiétude ;
- améliorer les conditions sanitaires des populations par l’adoption de bons comportements d’hygiène et d’assainissement et réduire les maladies liées au manque d’hygiène ;
- augmenter la fréquentation des jeunes filles à l’école notamment par l’allègement de la corvée de l’eau ;
- éviter les conflits locaux liés à l’accès et la gestion de l’eau.
La disponibilité de l’eau de bonne qualité et de façon permanente constitue une avancée qualitative dans les villages bénéficiaires, ce qui permettra d’accélérer la croissance économique par la création d’emplois, notamment à travers la mise en gestion déléguée (gérant, fontainier, jeunes maintenanciers électromécaniciens, plombiers, etc.).
Château d'eau de 80 m3 construit à Tchinkaki (région de Tahoua) dans le cadre du PDU
LE MÉCANISME COMMUN DE FINANCEMENT, UN OUTIL INNOVANT, FLEXIBLE ET RAPIDE
Le programme de soutien au PDU a été mis en œuvre par le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement et ses directions régionales de Tahoua et de Tillabéry à travers le MCF, un instrument financier innovant crée en 2017 qui contribue à la mise en œuvre du Programme sectoriel eau, hygiène et assainissement. Le MCF a été mis en place afin de renforcer l’alignement et l’harmonisation des financements du secteur et de mobiliser des ressources financières pour combler les déficits de financement du PROSEHA.
Éléments de succès de la mise en œuvre à travers le MCF :
- leadership accru du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans l’exécution et la coordination des activités du programme ;
- démarrage rapide du programme avec identification en amont des sites à réhabiliter par les acteurs au niveau régional ;
- flexibilité et rapidité dans la mise en œuvre du programme à travers le MCF.
Ce projet est cofinancé par l’Union européenne et le Royaume des Pays-Bas et mis en oeuvre par le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement via le Mécanisme commun de financement (MCF), avec le soutien de LuxDev. Cette publication a été produite avec le soutien financier de l’Union européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité de LuxDev et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.
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