MALI - Donner la parole aux jeunes des régions de Ségou et Sikasso
En août 2020, le Programme MLI/023 « Décentralisation et bonne Gouvernance » dans le cadre de la pré-formulation du nouveau PIC (PIC IV) a convenu avec le bureau ICCO Coopération la réalisation d’une étude intitulée « Donner la parole aux jeunes femmes et jeunes hommes dans les régions de Ségou et de Sikasso ». Pour rappel, les régions de Ségou et de Sikasso comptent une population de 7 033 429 habitants avec une tranche d’âge de jeunes de 15 à 24 ans estimée à 1 319 188 habitants.
L’initiative de l’étude est partie du constat que la problématique de la jeunesse a toujours été au centre des préoccupations des populations de même que les politiques gouvernementales.
Aussi, beaucoup de clichés circulent sur la jeunesse, notamment sa propension à migrer, sa précocité à avoir plusieurs enfants, sa propension à céder aux extrémismes, son désintérêt dans les métiers de leurs parents tels que l’agriculture. Toutefois, très peu d'études se sont penchées sur les causes profondes des problématiques auxquelles les jeunes font face, en particulier en milieu rural.
En donnant la parole aux jeunes femmes et jeunes hommes, le Programme MLI/023 a donné la possibilité aux deux régions de mieux connaître et comprendre les préoccupations et les aspirations des jeunes face aux problématiques de l’emploi et de l’entreprenariat ainsi que mieux appréhender les potentialités socio-économiques dans les régions.
Lien vers le rapport synthétique de l'étude « Donner la parole aux jeunes hommes et jeunes femmes des régions de Ségou et Sikasso »: cliquez ici.
Pour y parvenir, un échantillon de 53 communes sur 264, soit environ 20% du total des communes des deux régions a été retenu pour des raisons de coûts et d’efficacité des enquêtes.
Les enquêtes ont touché un total de 3233 jeunes de 15-35 ans, 1050 décideurs et 214 acteurs du secteur privé. En termes de méthode qualitative, 848 focus groups ont été réalisés auprès des organisations socio-professionnelles, ainsi que des organisations de femmes et de jeunes. Aussi, six (06) ateliers ont été tenus avec des jeunes des conseils locaux et communaux, des associations féminines et leaders et 300 jeunes ruraux, dont 50% femmes et 50% hommes.
Les constats et résultats obtenus au terme de l’étude sont instructifs et édifiants :
- la jeunesse est fortement rurale mais avec une propension forte des plus jeunes (15 à 24 ans) à vivre en milieu urbain ;
- les jeunes ont accès à la terre agricole mais avec un faible contrôle sur le foncier ;
- la production agricole, aspiration professionnelle par défaut d’une frange importante de jeunes ruraux (30 à 40%);
- la formation, l’aménagement, les innovations techniques et technologiques et l’accès au financement apparaissent comme les facteurs clés pouvant rendre le secteur agricole plus attractif pour les jeunes ;
- une jeunesse sous-représentée dans les instances de prise de décisions ;
- une jeunesse dans le besoin d’autonomisation pour plus de participation aux prises de décisions ;
- des jeunes peu qualifiés et sous-payés dans le secteur informel ;
- l’accès et le contrôle des ressources naturelles, facteurs de divergences intergénérationnelles ;
- le chômage et le manque d’opportunités pour les jeunes, facteurs favorisant l’insécurité ;
- les jeunes adoptent des stratégies plus ou moins résilientes face au changement climatique.
Nonobstant ces nombreux défis et contraintes relevés par l’étude et auxquels font face les jeunes, ceux-ci constituent la couche la plus importante de la population des régions de Ségou et de Sikasso. Ils représentent une force qui pourrait transformer positivement l’économie, la société et devenir les principaux acteurs de changement. Ainsi, espère-t-on tirer profit du dividende démographique que ces jeunes peuvent offrir.
Les résultats atteints par l’étude constituent des axes conceptuels de tout plan d’actions autour de la problématique des jeunes dans ces régions. A ce titre, l’étude représente une référence de base pour les deux Conseils régionaux (Ségou et Sikasso) et LuxDev pour d’éventuelles initiatives en lien avec ladite problématique au cœur des préoccupation visée par le prochain Programme Indicatif de Coopération.
Le programme MLI/023 est financé par le Grand-Duché de Luxembourg et mis en oeuvre par LuxDev, l’agence luxembourgeoise pour la coopération au développement.
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