BURKINA FASO - « Couper une forêt, c’est se priver de ses fruits »La couverture forestière, un environnement en péril dont le pays a besoin
Les 6 616 456 ha (24%) de forêts et 9 714 100 ha d’autres terres boisées que compte le Burkina Faso sont indéniablement des espaces qui s’amenuisent. Le second inventaire forestier précise ainsi, qu’entre 1980 et 2014, le volume total de bois sur pied a régressé de 7.742 millions de m3 par an, soit un taux moyen de diminution du volume total annuel de bois de 1,1 %. Heureusement, des réponses à cette problématique sont mises en œuvre pour préserver ces espaces.
Les menaces qui guettent le secteur forestier
Soumises à de nombreuses pressions anthropiques (agriculture et élevage, habitat, feux de brousse et autres activités humaines) et aux effets du changement climatique, les zones boisées souffrent également de l’exploitation insuffisamment contrôlée qui entraine une dégradation de leur quantité tout comme de leur qualité.
Par ailleurs, en dépit de son poids économique et stratégique, le secteur forestier est sous-financé par l'État et insuffisamment incitatif à l'investissement privé.
De plus, les difficultés d'application de la législation sur la gestion durable des ressources naturelles conduisent à de fortes tensions sur la filière bois-énergie et à la dégradation des sources de produits forestiers non ligneux.
Terres nues en voie de récupération
Les bienfaits de la forêt
Les services rendus par les forêts sont innombrables. Pour n’en citer que quelques un, elles contribuent à la régulation du climat et à l’écoulement des eaux, procurent de l’eau potable, protègent contre l’érosion, filtrent l’air, permettent de stocker du carbone et produisent l’oxygène dont l’Homme a besoin pour respirer.
Qui plus est, les forêts constituent aussi une ressource essentielle pour les populations riveraines et l’économie, que ce soit à travers le bois d’œuvre ou énergie, la faune, les fruits, les baies, les noix et autres produits forestiers non ligneux destinés à la consommation, la médication ou de nombreux autres usages.
Au Burkina Faso, le secteur forestier contribue ainsi à 7,8 % du produit intérieur brut (valeurs 2012) et plus de 85 % des besoins du pays en énergie sont couverts par le bois (Ministère de l’Environnement et du Développement durable 2013). Les filières bois-énergie et produits forestiers non ligneux sont des sources d’emploi et de revenus importantes, en particulier pour les plus pauvres et les femmes.
Travaux de récupération réussis
Les actions entreprises
C’est dans ce contexte que la Coopération luxembourgeoise apporte depuis 2002 un soutien constant au Burkina Faso dans le secteur de la gestion durable des ressources naturelles et notamment des ressources forestières.
Cet appui, qui a démarré avec le projet d’aménagement participatif des forêts classées de Dindéresso et du Kou (BKF/007) et a été suivi dès 2007 par le projet d’appui à la gestion des ressources naturelles dans le bassin de Bobo-Dioulasso (BKF/012), a permis, entre autres :
- la restauration et l’aménagement des forêts classées de Dindéresso et du Kou ;
- la mise en place et l’organisation de groupements de gestion forestière et de leur union ;
- l’appui à des associations pour la gestion durable et l’exploitation de produits forestiers non ligneux ; et
- l’aménagement de la forêt de Kou au profit d’activités écotouristiques et éducatives.
Dès 2010, le Luxembourg a également appuyé le Ministère de l’Environnement pour l’élaboration du second inventaire forestier national, imprimé fin 2018 pour une large diffusion auprès des acteurs du secteur. Cet inventaire, s’il est bien utilisé, constitue un outil essentiel pour le suivi et la gestion de la ressource forestière, l’accès à des financements carbone, et toute décision concernant la gestion du secteur forestier.
En passant de l’échelle locale à nationale, le Luxembourg a, ensemble avec la Suède, de 2012 à 2018, soutenu le programme d’appui au secteur forestier mis en œuvre par le Ministère de l’Environnement, de l’Économie verte et du Changement climatique. Cet appui a permis de mieux préparer le Ministère à une gestion durable de la ressource et de le doter d’outils, de mener des actions concrètes d’aménagement sur le terrain et d’appuyer 370 porteurs de projets actifs dans le domaine de l’environnement à travers des subventions à leurs initiatives.
Aujourd’hui, dans le cadre de son 3ème Programme indicatif de Coopération, le Luxembourg apporte un nouveau soutien de 17 MEUR au secteur forestier à travers l’Appui à la gestion durable des ressources forestières (AGREF), lancé officiellement en janvier 2019 à Bobo-Dioulasso.
Tout en consolidant les acquis des programmes précédents, ce nouvel appui met l’accent sur des actions concrètes d’aménagement et de gestion durable des ressources forestières ligneuses et non ligneuses et poursuit les efforts de renforcement des capacités aux niveaux central, déconcentré, décentralisé et au profit des acteurs du secteur.
Parmi les résultats majeurs attendus, on peut noter l’optimisation des filières forestières, l’amélioration de la protection des ressources forestières, l’optimisation des reboisements et de la reforestation, la diversification des ressources alimentaires et des sources de revenus.
D’autre part, le Luxembourg poursuit ses efforts en matière de récupération des terres dégradées en zones pastorales afin de restaurer l’habitat et les sources de revenus des habitants éleveurs des zones septentrionales du pays en crise sécuritaire. Cette action permet de transformer des terres nues en steppes arbustives et, à terme, en steppes arborées, ouvertes au pâturage. Plus de 8 500 ha ont ainsi pu être récupérés et 10 800 ha sont en prévision. Dans ce même cadre, le Luxembourg a permis la mise en place des premiers projets carbone au Burkina Faso permettant de générer des recettes pour les populations riveraines à travers la vente de crédits carbone sur le marché volontaire.
Les efforts combinés du Luxembourg en matière de gestion durable des ressources naturelles depuis 2002 à 2018 se chiffrent ainsi à 30,3 MEUR. A cela s’ajoutent les actions en cours pour 22 MEUR, ce qui confirme l’importance de ce secteur pour la Coopération luxembourgeoise.
Tri d'anacarde
Transformation de graines d_accacia
Forêt du Kou, une des rares forêst galeries au Burkina Faso
Filière bois insuffisamment encadrée
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