MALI - Quand les projets de formation et d’insertion professionnelles favorisent la microfinance
Le financement des projets des jeunes, une problématique cruciale pour l’Etat et ses partenaires
Au Mali, la question du financement des projets des jeunes demeure une problématique cruciale et complexe qui met en relation plusieurs acteurs à savoir les structures du secteur privé qui offrent des services financiers et non financiers, les jeunes demandeurs de financement, les structures d’accompagnement. Aussi, cette problématique est indissociable de celle de la formation professionnelle.
Ainsi, dans le cadre des Programmes indicatifs de Coopération (PIC) II et III entre le Gouvernement du Mali et celui du Grand-Duché du Luxembourg une composante formation et insertion professionnelle a été adoptée à travesrs les programmes Appui à la formation et l’Insertion professionnelles, MLI/019, et Formation et insertion professionnelle, MLI/022, dont la mise en œuvre a été confiée à LuxDev aux côtés du ministère malien en charge de la formation professionnelle et de l’emploi.
Dans ce contexte, plusieurs actions en faveur des jeunes de 15 à 40 ans des régions de Ségou et Sikasso ont été réalisées en conventionnement avec les structures publiques nationales du ministère de l’emploi notamment l’Agence nationale pour l’Emploi des Jeunes, les chambres consulaires de l’agriculture et des métiers de l’artisanat ainsi que les institutions de financement (Soro Yiriwaso et Nyèsigiso). En outre, des prestaires privés ont été engagés pour l’offre de services non financiers en amont et en aval du dispositif. Le conseil régional a assuré le rôle important de pilotage du dispositif tout comme celui du suivi de l’insertion des jeunes. A la clôture du programme, 2839 projets ont été financés dont 1581 en faveur des femmes. A cette suite, l’ONG ADA a été mandatée afin de tirer les enseignements de cette expérience longue et dense.
Rencontre entre l'ONG ADA et des primo-entrepreneurs pour améliorer le mécanisme de financement des jeunes mis en place par l'APEJ avec l'appui de LuxDev.
L’accompagnement des jeunes vers l’auto-emploi, des difficultés à surmonter
Sur le terrain, la mission a pu échanger avec les responsables de Soro Yiriwaso et deux catégories de bénéficiaires de crédits.
Il s’agit de quatorze jeunes primo-entrepreneurs dont trois femmes, tous sortis du dispositif de formation professionnelle animé par les centres et instituts de formation ou celui de l’apprentissage rénové à travers les chambres consulaires. Un entretien a particulièrement attiré l’attention, il s’agit du cas d’une jeune femme dont le parcours d’insertion dans l’aviculture a buté contre un facteur devenu répétitif, l’abus de confiance. En vue de rembourser ses dettes et réussir son parcours, la jeune femme s’est orientée vers la transformation agroalimentaire.
D’autres jeunes ont opté pour la stratégie de crédits renouvelés plusieurs fois pour assurer le maintien voire le développement de leur projet en embouche ou dans les métiers artisanaux. Autre stratégie développée par les jeunes, la diversification de leur métier principal (achat et vente d’animaux) avec d’autres activités connexes (production et vente d’aliments bétails, abattage ou vente de produits d’abattage).
Au-delà des difficultés d’accompagnement, des motifs de satisfaction
Partout où la mission s’est déployée, une constante a été relevée dans les réponses des jeunes, la pertinence des appuis tant sur le plan de la formation professionnelle, de la gestion d’entreprise que de l’octroi des crédits. De l’avis des jeunes interviewés, ces appuis leur ont assuré sans nul doute un revenu satisfaisant, et mieux encore, la restauration de leur dignité et la revalorisation de leur statut social.
Plus globalement, la mission a relevé que le dispositif de financement du programme MLI/022 est adapté et aide les institutions de microfinances à disposer de clients dont le risque de financement est contrôlé grâce à l’accompagnement réalisé (formation technique et managériale, éducation financière, mentorat/coaching, suivi post-financement). Aussi, a-t-il été noté que le dispositif profite à ces institutions grâce aux conditions favorables de rémunération du dépôt à terme permettant une marge importante pour celles-ci au regard du taux pratiqué sur le marché financier. Le mécanisme permet surtout le financement et l’insertion de jeunes en démarrage. Malgré la fragilité de la cible, le taux de remboursement réalisé est très satisfaisant pour les deux Institutions partenaires.
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