NIG/023 La coopération éducative en mutation au Niger
Le Niger occupe une place de plus en plus importante dans le champ de l’aide publique au développement du Grand Duché de Luxembourg. Les contraintes géographiques, climatiques, environnementales, démographiques et sécuritaires sont majeures, préoccupantes et emblématiques des crises actuelles et futures que connaît et connaitra la bande sahélo saharienne.
Les enjeux en termes de scolarisation et de formation des jeunes sont immenses : 60.6% d’entre eux ont moins de 20 ans, le taux d’accroissement naturel de la population est de +3.9% par an et l’indice de fécondité de 7.6 enfants par femme en âge de procréer. Moins de 30% de la population de plus de 15 ans est alphabétisée. Le Niger connait une explosion de la demande en éducation et en formation qui n’obtient pas toujours de réponse complète, de qualité et équitable. Le sous-emploi des jeunes est dramatique et les tentations migratoires constantes (exode rural, migrations saisonnières vers les pays de la sous-région et migration vers les pays du Nord avec tous les risques liés aux traversées du Sahara et de la Méditerranée).
Eleves à même le sol en classe, Département de Loga (Dosso)
Dans ce pays, depuis septembre 2015, et pour le secteur de l’éducation de base (primaire et collège), on constate une évolution affirmée de la Coopération luxembourgeoise qui, après plusieurs années d’intervention sur le mode projet centrée sur la Région de Dosso, décline aujourd’hui les grands principes de la Déclaration de Paris dans l’accompagnement qu’elle propose au gouvernement pour l’opérationnalisation de son Programme Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF). Il s’agit donc de changer d’échelle et d’accompagner des dispositifs et modes opératoires, des structurations, des réformes d’envergure nationale pour des résultats pérennes en vue d’une plus forte appropriation par la partie nationale des moyens qui sont mis à sa disposition. Un focus constant est mis sur l’équité (réduction des disparités : genre, habitat et inclusion des enfants déscolarisés ou non scolarisés), la qualité et l’efficience.
Eleves dans une classe en paillote dans le Département de Loga (Dosso)
Le rôle du bureau pays dans le dialogue sectoriel est prédominant et multiple:
- participer à la coordination du discours et de l’action des partenaires techniques et financiers ;
- accompagner les six Ministères en charge de l’Education et de la Formation dans l’élaboration de programmations communes et d’outils harmonisés pour l’exécution technique et financière, le suivi, l’évaluation et le contrôle des activités liées à la promotion de l’accès, de la qualité et du pilotage ;
- promouvoir aussi souvent que possible l’alignement sur les procédures nationales.
Depuis octobre 2016, avec le NIG/023, la Coopération Luxembourgeoise est un des leaders au sein de la communauté des bailleurs de fonds du secteur de l’éducation et de la formation pour développer de nouveaux modes d’appui techniques et financiers plus alignés sur les dispositifs nationaux. Les missions de l’Assistance technique ont naturellement évolué : du « faire ensemble » on passe au « renforcer pour capaciter ».
Un nouvel outil, le Fonds commun sectoriel Education, sorte de « panier commun » dans lequel des PTF majeurs se sont inscrits (Agence Française de Développement, UNICEF, Coopération suisse) ou sont en passe de le faire (Coopération norvégienne, Partenariat Mondial pour l’Education) doit permettre de faire levier pour dynamiser les politiques sectorielles et mettre en œuvre les stratégies structurantes idoines (formation et emploi des jeunes, scolarisation de la jeune fille, lutte contre les disparités régionales, alphabétisation des populations, prévention des crises qui affectent l’école…)
Les grands chantiers de l’appui luxembourgeois se déclinent dorénavant autour des axes suivants :
- articulation et alignement sur les dispositifs nationaux de l’exécution financière avec le passage au Budget Programme;
- appui à la déconcentration et à la décentralisation avec un accompagnement des collectivités territoriales et des communautés pour la gestion délocalisée de l’éducation;
- renforcement des capacités en direction des hommes et des femmes des structures centrales comme déconcentrées;
- amélioration de la mise à disposition des ressources au plus près des bénéficiaires finaux;
- appui aux dispositifs de suivi-évaluation de la politique sectorielle pour assurer la redevabilité et le pilotage efficient du secteur par le gouvernement et ses partenaires.