NIGER - Portraits croisés de jeunes agriculteurs :
Le Programme d’appui au développement agricole durable dans la région de Dosso, Phase II (NIG/025) prévoit le suivi du parcours de jeunes agriculteurs de la région de Dosso vers une installation réussie. La stratégie d’insertion se réalise à travers trois activités : la formation, le conseil agricole et l’installation à travers le crédit agricole.
4 021 projets sous financement luxembourgeois et 178 projets sous financement suisse ont été financés depuis le début du programme. En considérant les membres des organisations paysannes bénéficiaires de crédit, l’opération touche 5 392 personnes dont 52 % de femmes.
Derrière ces chiffres et ces résultats se trouvent évidement des visages, des parcours, des histoires de vie…
Nous avons rencontré Salamatou, 25 ans, Saibatou, 34 ans et Nazirou, 25 ans, qui ont accepté de témoigner de leur parcours et de leur quotidien depuis qu’ils se sont installés.
Les formations suivies par ces jeunes révèlent la diversité des filières qui ont été appuyées. En termes de culture, on retrouve le maraichage, la culture du moringa et la riziculture. Mais certains ont également reçu une formation en transformation et commercialisation, comme c’est le cas pour Saibatou qui fait partie d’un groupement féminin. Après une formation suivie en 2016, et ayant pu se munir d’un animal de trait et d’une décortiqueuse, elle s’est lancée dans le commerce de produits dérivés de l’arachide et a incité d’autres femmes à se joindre à elle.
Saibatou, 34 ans, vit de la transformation et de la commercialisation de l’arachide © LuxDev
Tous les jeunes rencontrés ont bénéficié d’un crédit adossé à une subvention qui leur a permis d’améliorer leurs conditions de travail. Les montants octroyés sont alignés sur les directives du Fonds d’investissement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (FISAN), à savoir 40 % de subvention, 53 % de prêt et 7 % d’apport personnel. par ailleurs, les jeunes ont également reçu une assistance lors de la constitution de la demande de prêt auprès de la Banque argicole du Niger (BAGRI), notamment pour être en mesure de fournir les documents d’état civil et titres de garantie. Ces démarches administratives peuvent en effet se révéler compliquées dans un pays où posséder un acte de naissance est loin d’être une évidence.
Les montants empruntés par ces jeunes varient entre 300 000 FCFA et un million. Nos jeunes agriculteurs ont ainsi pu se munir, soit de charrette et d’animaux de traits, soit d’une motopompe pour irriguer leur terrain, ou encore d’engrais et de semences améliorées. Ces achats leur permettent de pratiquer une agriculture plus rentable, en suivant les recommandations qui leur ont été données dans la formation.
Concernant les remboursements, chacun a sa méthode pour être sûr de respecter les échéances. Nazirou, qui a vu ses revenus sensiblement augmenter depuis qu’il s’est lancé dans la culture du moringa, nous explique sa méthode: Après la production et la vente de ma récolte, je sépare ses revenus en trois. Une partie est destinée à ses besoins, une partie au remboursement du prêt et le reste est réinvesti dans ses cultures.
Malgré ces réussites et ce fort sentiment de valorisation personnelle grâce au travail de la terre, des difficultés, contextuelles ou structurelles, entravent la pleine réalisation de leurs objectifs. Ainsi, les cultures sont encore très dépendantes des aléas du climat (sécheresse, inondations), mais également des conditions d’écoulement et de vente des récoltes. La crise sanitaire due au Covid 19 a en effet mis en lumière les fragilités du marché des produits agricoles dans la région de Dosso, en aggravant la situation d’enclavement des zones de production par la fermeture de certaines routes.
Nazirou, 25 ans, cultive du moringa © LuxDev
Salamatou qui pratique la riziculture depuis sa formation en 2017, se réjouit de l’existence d’un magasin de stockage dans sa commune. Ceci me permet de conserver ma récolte et de la vendre lorsque le prix du marché est le plus avantageux.
Le programme NIG/025 soutient en effet la construction d’infrastructures agricoles et la réhabilitation de pistes rurales au bénéfice des jeunes appuyés par le programme. L’objectif est de fournir à ces jeunes les meilleures conditions possibles pour améliorer les conditions d’écoulement de leurs productions vers les marchés.
Ainsi, malgré les difficultés qui restent à surmonter, ces trois jeunes agriculteurs témoignent d’une nette amélioration de leurs conditions de vie. Fiers de leur activité, ils subviennent à leurs propres besoins, mais aussi à ceux de leurs enfants et de leur famille.
Récolte du riz par de jeunes promoteurs formés par le programme © LuxDev