NIGER - Prévenir les conflits liés à l'eauLa prise en compte des besoins en eau du pastoralisme dans la mise en œuvre du programme d’Appui au secteur de l’eau au Niger est facteur de développement économique et de cohésion sociale, en particulier dans les régions fragiles comme Diffa.
Le pastoralisme est le mode d’élevage fondé sur la mobilité permanente ou saisonnière du cheptel. C’est un mode d’élevage destiné à assurer l’alimentation des animaux par une exploitation itinérante des ressources, en zone aride ou semi-aride.
Photo 1. Au Niger, environ 75% du bétail est élevé selon un mode nomade et transhumant © Direction régionale de l’hydraulique et de l’assainissement Diffa
Le problème de l’eau se pose avec acuité dans les systèmes pastoraux et sa rareté est souvent source de conflits entre pastoraux ou entre pastoraux et sédentaires.
L’implantation de points d’accès à l’eau souterraine sur les parcours de migration du bétail est donc un enjeu social, économique mais aussi sécuritaire. Lors de ces implantations, des accords sociaux entre tous les partis sont établis afin d’encadrer la future utilisation du point d’eau.
La région de Diffa, à l’extrême Est du Niger, est l’une des plus pauvres du pays et son taux d’accès à l’eau potable est de 53 %. Pour une population rurale de 680 000 habitants, le cheptel présent sur la région est estimé à plus de 4.5 millions de têtes.
Les incursions du groupe armé Boko Haram qui se produisent dans cette zone en raison de sa proximité géographique et culturelle avec le Nigéria engendrent de fréquents mouvements de population et exacerbent les violences intercommunautaires autour de l’accès aux ressources.
Photo 2. L’abreuvement du bétail se fait à des points d’eau situés près des villages © LuxDev/Zouloukalleyni Dourfaye
La densification des points d’eau pastoraux revêt donc un caractère vital, comme dans le village de Alhadji Issa. Situé à 65 kilomètres de la ville de Diffa, dans un couloir de transhumance, ce village de 200 personnes et de plus de 10 000 têtes de bétail se ravitaille en eau à l’aide de 3 puits traditionnels. Outre la mauvaise qualité de l’eau puisée, ces puits se tarissent à la saison sèche. Des troupeaux en transhumance s’y arrêtent quotidiennement pour s’abreuver, aggravant la situation.
Ce village est désormais doté d’un puit cimenté pastoral. Ce puits moderne de plus de 45 mètres de profondeur permet de soulager les besoins en eau de la communauté.
Photo 3. Construction du puit cimenté pastoral à Alhadji Issa © Direction régionale de l’hydraulique et de l’assainissement Diffa
Le programme d’Appui au secteur de l’eau et de l’assainissement appuie le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans la mise en œuvre du programme sectoriel de l’eau, l’hygiène et de l’assainissement (PROSEHA). Sous l’impulsion du Luxembourg et du Danemark, un mécanisme commun de financement permet désormais de canaliser les fonds des partenaires étrangers dans une démarche commune et cohérente avec les politiques nationales.
Sur Diffa, en complément des adductions d’eau potable, le volet pastoral a déjà permis la réalisation de 37 puits cimentés. Des stations de pompage pastorales et une nouvelle campagne de puits pastoraux viendront encore enrichir le maillage de ces ouvrages si importants pour la vie locale.
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