Information
Ce projet est clôturé depuis le 30.11.2018.
- Pays
- Niger
- Bureau pays de LuxDev
- Bureau Niger
- Période d'exécution
- 10 Décembre 2014 - 30 Novembre 2018
- Durée totale
- 48 mois
- Budget total
- 10 789 460 EUR
- Répartition des contributions
-
- Gouvernement luxembourgeois
0 EUR - Coopération suisse et norvégienne
10 789 460 EUR
La Direction du développement et de la coopération (DDC) helvétique a contribué de 2011 à 2013 à l’amélioration de la qualité de l’éducation au Niger à travers son programme d’Appui à la qualité de l’éducation (PAQUE) phase I. Dans la région de Dosso, les appuis de ce partenaire ont été mis en œuvre à travers un mandat d’exécution confié à LuxDev, la Direction régionale de l’enseignement primaire (DREP) et l’École normale d’instituteurs (ENI) en assuraient la mise en œuvre technique et financière, le suivi et l’évaluation.
Durant cette première phase, l’accent a été mis sur la formation initiale des élèves maîtres dans les écoles normales d’Instituteurs, la formation continue des enseignants déjà en exercice, le renforcement des capacités de gestion et de planification des acteurs, enfin sur un soutien aux écoles bilingues existantes.
À l’issue de l’évaluation externe prospective de cette première étape, évaluation réalisée avec la participation active des principaux acteurs du programme, il est apparu nécessaire de revoir les stratégies initiales retenues afin de les orienter vers une quête de la qualité qui ne serait plus exclusivement centrée sur la formation des acteurs, mais qui prendrait aussi en compte d’autres composantes telles que
- l’amélioration de l’environnement pédagogique ;
- l’implication accrue des structures de gestion participatives et communautaires ;
- la définition de zones de référence qualité plus maitrisables dans les zones d’intervention ;
- la réorientation de l’encadrement pédagogique axé sur un accompagnement de proximité et individualisé ;
- l’implication des communes et communautés dans la gestion décentralisée de l’école ;
- l’articulation entre la formation initiale et la formation continue des enseignants.
Le gouvernement de la Norvège, par le principe d’une coopération déléguée, a confié à la coopération suisse une partie conséquente de ses concours financiers en faveur de l’éducation au Niger, qui permettront une extension du PAQUE II dans les régions de Dosso, Zinder et Diffa.
La mise en œuvre de ces trois programmes régionaux, qui contribuent au Programme sectoriel de l’éducation et de la formation (PSEF), sera assurée à nouveau par LuxDev à travers un mandat d’exécution couvrant la période du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2018. Cette délégation a conduit le programme de coopération Niger Luxembourg à procéder à un recrutement de personnel additionnel pour compléter le staff nécessaire à la conduite des activités. La réussite de cet important programme exige une participation constructive et constante de tous les acteurs qui sont déjà fortement impliqués dans tout le processus de lancement. Ils commencent à s’approprier le système organisationnel, en termes de maitrise des principes, des règles et des outils de gestion de LuxDev et ont déjà élaboré les outils de planification, de programmation, de monitoring et les premiers plans d’action annuels budgétisés.
Les objectifs de ce projet éducatif cadrent bien avec la politique du Niger en matière de lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations les plus démunies, surtout dans les zones orientales, particulièrement défavorisées et qui vivent actuellement dans un climat sécuritaire inquiétant.
L’espoir des parents est grand qui, grâce à un enseignement de qualité dispensé aux enfants, seront encouragés à les inscrire et à les maintenir dans le système éducatif, améliorant ainsi la demande éducative qui n’est pas encore évidente au Niger et permettant aux jeunes générations d’échapper à l’analphabétisme, de s’ouvrir sur le monde et de cultiver civisme, culture de la paix et de la tolérance.
Dernières nouvelles
Ecole et décentralisation : des avancées au Niger
Dans le système éducatif nigérien, la décentralisation et l’entrée par les communes est une expérience récente. En effet, les options politiques en matière d’éducation et de formation ainsi que les dispositions juridiques, règlementaires et statutaires se mettent progressivement en place avec le code des collectivités territoriales, le décret 2016/075, portant transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux communes dans le secteur de l’éducation et de la formation, l’arrêté n°028/2017 précisant les modalités techniques d’exercices des compétences et des ressources transférées dans le domaine de l’éducation de base 1.
Par ailleurs, quasiment toutes les conventions de partenariat liant le Ministère de l’Enseignement primaire (MEP) aux bailleurs de fonds appuyant le secteur mettent aujourd’hui l’accent sur la nécessaire gestion décentralisée de l’école. De ce fait, les communes sont aujourd’hui les acteurs principaux du développement de l’éducation et de la formation au niveau local.
C’est dans ce contexte que le programme d’Appui à la Qualité de l’Éducation de la Coopération suisse au Niger (PAQUE - NIG/702), mis en exécution par LuxDev, focalise ses objectifs, ses moyens et ses stratégies sur l’amélioration de la qualité des apprentissages et des compétences des élèves, jugée encore trop insatisfaisante et dont le niveau n’a cessé de se dégrader. Le pays est régulièrement classé parmi les plus mauvais élèves de la sous-région. Afin que les résultats escomptés soient les plus pertinents et durables possibles, tous les acteurs et bénéficiaires doivent nécessairement participer à la mise en œuvre des actions éducatives, de la conception à l’évaluation. Ce processus repose sur de multiples et régulières réflexions et analyses approfondies, organisées à la base avec l’appui de l’Assistance technique et des services locaux de l’Éducation, pour que les parents et les élèves disent d’une manière libre, consensuelle et engagée quelle école ils veulent et ce qu’elle doit enseigner. Il s’agit donc d’une vision éducative partagée au niveau du village, ou du quartier, fondée sur une somme de perceptions, de points de vue, d’attentes, de choix et d’aspirations variés. Cette approche est encore assez nouvelle au Niger et a été mise en place par seulement quelques ONG et projets/programmes. Les structures techniques du MEP devront être accompagnées pour intégrer et impulser ce type d’approche qui veut donner une large place à la concertation et à la démocratie à la base à travers la mise en œuvre du Fonds Commun sectoriel Education aux niveaux central, déconcentré et décentralisé.
Partant de ces principes, les 13 communes partenaires du NIG/702 dans les régions de Dosso, Zinder et Diffa ont décidé d’élaborer chacune une Vision éducative communale (VEC) sur le long terme. Ce document de planification stratégique, une fois validé par les instances communales, départementales et régionales du système éducatif, permet à chaque école de la commune de décliner son Projet d’école (PE). C’est la communauté, au sein du village ou du quartier, qui planifie sur trois ans les actions éducatives de son école. Cette phase de micro planification locale consacre l’opérationnalisation de la VEC, achève son internalisation par l’ensemble de la communauté, y compris les enseignants : elle est d’autant plus réaliste qu’elle est la plus proche possible des missions de l’école et qu’elle tient compte des particularités de l’établissement : communauté, personnel, environnement géographique, climatique, socio-économique, sécuritaire...
Réunion des parents d'élèves autour du projet d'école
Le Projet d’école s’articule autour des axes de la Vision éducative communale (VEC) les plus souvent retenus : qualité des enseignements et des apprentissages, participation communautaire, développement de l’éducation préscolaire, scolarisation des filles... Il est élaboré par le Comité de Gestion Décentralisée des Établissements Scolaires (CGDES) et les enseignants, sur la base des normes de qualité et d’équité que le Ministère de l’Enseignement primaire (MEP) s’est fixées en matière d’éducation de base. Le Projet d’école est entièrement exécuté au niveau communautaire, souvent avec l’appui des services techniques. Ses sources de financement sont d’abord endogènes et peuvent être complétées par des subventions diverses. La gestion du Projet d’école n’est pas uniquement technique ou pédagogique. C’est une véritable école de bonne gestion et de bonne gouvernance. Le CGDES rend compte chaque année, à l’aide d’indicateurs simples, d’abord au niveau du village, ensuite au niveau communal, des réalisations techniques et financières. Ce bilan annuel constitue une base pour la réactualisation, le renouvellement et le refinancement des activités.
Salles de classe livreées par Luxdev (NIG019), Département de Boboye (Région de Dosso)
Plus que de longs discours, voici le témoignage d’un parent d’élève de l'école de Singuibossey, commune rurale de Farrey rapporté par le conseiller pédagogique :
Depuis l'intervention du PAQUE II et le lancement de notre projet d’école, le taux de passage en classe supérieure a évolué en moyenne de 5 % par an, ce qui nous a permis de passer de sept à dix classes. Nous avons en janvier 2018 un effectif de 295 élèves contre 235 en 2015. Dans le même temps, le pourcentage d'élèves ayant la moyenne est passé en français au Cours Préparatoire de 0 % en 2016 à 40% en 2017 et au CM2 de 0 % en 2016 à 100% en 2017. Aujourd'hui, les parents cotisent plus pour la caisse du CGDES et participent encore plus aux activités scolaires car ils croient de plus en plus en plus en leur école.
En somme, la Vision éducative communale constitue la base de la gestion décentralisée de l’école, se veut un outil préparatoire au transfert effectif des compétences et des ressources et elle doit devenir à terme le cadre du renforcement des capacités des acteurs locaux.
Niger – l’Éducation en situation de crise humanitaire - Une stratégie de réponse
Située dans l’extrême Est du Niger, près du lac Tchad et à environ 1 300 kilomètres de la capitale Niamey, la région de Diffa couvre une superficie de 156 906 km² pour une population de 591 788 habitants (recensement 2012). Elle est subdivisée administrativement en six départements (Diffa, Maïné Soroa, N’Nguigmi, Bosso, Goudoumaria et N’Gourti), pour 12 communes, six cantons et 17 groupements nomades. La population, majoritairement jeune (49,8% ont de moins de 15 ans), est composée de Kanuri (58 %), de Peulhs (27 %), de Toubous (7 %) et de Hausa (3 %).
© CISP - www.cisp-som.orgDans l’enseignement primaire, la région de Diffa présente les taux les plus faibles du pays en termes de scolarisation (taux brut de scolarisation de 62.3 % et taux d’achèvement de 57,6 % en 2016). Elle concentre les difficultés présentes sur l’ensemble du système avec un nombre croissant d’enfants déscolarisés, d’analphabètes, des établissements provisoires, un manque criant d’enseignants formés, une forte insuffisance d’équipements et d’intrants pédagogiques, et une gestion aléatoire des établissements. De ce fait, le recrutement, la fréquentation et le maintien des élèves dans le système, la qualité des apprentissages sont gravement impactés. À la rentrée scolaire 2015–2016, la région comptait 76 687 élèves (dont 37 294 filles) dans 856 écoles réparties dans 11 inspections du primaire et du préscolaire. Près de 3 000 instituteurs et institutrices sont chargés de cours.
À partir de mai 2013, les troubles au Nord Nigéria (Adamawa, Borno et Yobé) font basculer cette région dans une situation de grave crise sécuritaire qui s’est peu à peu transformée en une crise humanitaire suite aux multiples attaques de la secte Boko Haram. Celles-ci ont provoqué d’importants mouvements de population qu’OCHA estime à plus de 200 000 personnes, soit 1/3 de la population locale. Des dizaines de milliers de personnes ont franchi la frontière nigériane à la recherche de lieux plus sûrs pendant que les populations locales des villages frontaliers se déplaçaient vers les zones plus septentrionales de la région.
Sur le plan scolaire, le système éducatif de la région a été complètement paralysé durant les années scolaires 2013/2014 et 2014/2015, avec d’énormes difficultés dans la progression des enseignements car la psychose créée, doublée de rumeurs de toutes sortes ainsi que les stratégies militaires développées, ont entrainé la fermeture de plus de 125 écoles le long de la rivière Komadougou (zone d’intenses combats).
Après une série de missions dans la région, le gouvernement du Niger a déclaré l’urgence à Diffa le 12 décembre 2014 à travers « l’Appel de Bosso » et demandé à la communauté nationale et internationale de se mobiliser en faveur de ces populations éprouvées. Conséquemment, un comité national de suivi de l’assistance aux déplacés du Nigeria et aux populations hôtes en insécurité alimentaire a été mis en place auprès du Premier Ministre.
Ainsi, des séries de rencontres ont mobilisé les partenaires, à travers le Groupe local des Partenaires de l’Éducation (GLPE) et le Cluster Education, pour appuyer le ministère de l’Enseignement primaire (MEP) dans sa Stratégie de Scolarisation des Enfants réfugiés et déplacés de la Région de Diffa pour la prise en charge des élèves affectés (12 631 dont 8 894 retournés ou relocalisés en 2015-2016).
A travers un Plan d’Action Urgence Diffa (PAUD) pour l’éducation, renouvelé chaque année depuis deux ans, les Ministères en charge de l’éducation et de la formation ont décidé d’assurer la continuité de la scolarisation à tous les enfants de réfugiés, retournés ou autres déplacés malgré la situation sécuritaire très difficile, eu égard aux nombreux engagements internationaux ratifiés par le Niger relativement au droit à l’éducation de tous les enfants sans distinction de race, d’origine ou de sexe.
© CISP - www.cisp-som.orgD’importantes ressources sont mobilisées chaque année par les partenaires pour faire face à la situation (3,8 million EUR en 2016, puis 6,7 million EUR, en 2017, en sus des contributions du budget national). Certains partenaires ont ainsi réorienté leur programme de développement (comme le programme PAQUE II de la Coopération suisse exécuté par LuxDev) pour financer le PAUD. Les partenaires ainsi mobilisés sont, entre autres, l’UNHCR, l’UNICEF, l’Union européenne, Plan Niger, IRC, la DDC/LuxDev, World Vision et Save The Children.
La Coopération luxembourgeoise appuie les Services techniques régionaux de l’Éducation et les Collectivités territoriales pour (e. a.) structurer ces multiples appuis, améliorer la programmation, le monitoring et la collecte des données statistiques, animer les cadres de concertation.
Les modalités de fonctionnement des établissements scolaires des zones non affectées et la prise en charge des enfants de réfugiés nigérians, des relocalisés ou retournés nigériens ont été clairement définis. Le plan d’action précise les activités à mettre en œuvre en termes d’appui à la gouvernance (réunions périodiques de coordination, missions de sensibilisation et de supervision), à l’accès (construction des infrastructures, dotation d’équipements, alimentation scolaire, promotion de la scolarisation des filles) et à la qualité (renforcement de capacités, formation des agents, dotation en fournitures scolaires, encadrement pédagogique, suivi/évaluation sur le terrain).
Pour cette année scolaire 2016-2017, le PAUD, doté d’une matrice de suivi-évaluation assortie d’indicateurs alignés sur le programme sectoriel, vise la scolarisation de 38 022 élèves des 236 écoles d’urgence (dont 18 985 filles) répartis ainsi : autochtones : 17 554 dont 8 670 filles ; retournés : 3 442 dont 1 604 filles ; déplacés internes : 9 330 dont 4 609 filles ; réfugiés : 7 696 dont 4 102 filles.
Ainsi, conformément aux orientations du PSEF, la réponse en éducation à la crise humanitaire de Diffa parait maîtrisée avec une vraie dynamique créée grâce à une forte mobilisation de l’État et de ses partenaires et à des organes de pilotage opérationnels mis en place localement. Les défis à ce niveau restent liés à la mise à disposition de données fiables actualisées, à l’accès aux zones à haut risques d’insécurité et à la mobilisation de fonds pour faire face aux nouveaux besoins.
La situation qui prévaut dans la région du bassin du lac Tchad mérite que l’on s’y attarde pour relever quelques observations et analyses. Pour le cas de Diffa, la proximité géographique et les similitudes culturelles avec les zones en conflit ont facilité la contagion mais le phénomène d’extrémisme violent se nourrit aussi de la pauvreté ambiante de la population et de l’incapacité de l’État à parfois délivrer les services de base aux populations. Il se dégage également une frustration grandissante au sein de la jeunesse dont une large partie demeure sans emploi et sans motifs d’espoir. La crise actuelle, aux conséquences socioéconomiques lourdes, a tendance à agir comme un accélérateur de tentation de basculement dans la criminalité pour des jeunes sans alternative et qui ne s’épanouissent pas. Le besoin à court et moyen terme de perspectives de formation, d’apprentissage, d’emploi et de création de revenus autour des opportunités économiques régionales est prégnant. La montée de l’extrémisme religieux est perceptible dans la région à travers le développement d’un discours dirigé à la fois contre l’Islam traditionnel et contre l’incapacité supposée de l’État à prendre en charge les défis socio-économiques, malgré les mesures sécuritaires.
À cet effet, l’école et la formation professionnelle constituent la principale alternative. Il est impérieux pour l’État et ses partenaires de mettre en valeur le potentiel existant dans la région. Le dynamisme et la créativité des jeunes sont une ressource majeure pour Diffa et le Niger qui doivent être captés et valorisés.
Arima Chegou
Point focal Éducation en Situation d’Urgence
Ministère de l’Enseignement primaire
NiameyThierry PY
Assistant technique international
Éducation
LuxDev / Niamey