Former plus de jeunes en relation avec le monde économique pour une meilleure employabilité !
Tel pourrait être le condensé de la nouvelle politique nationale de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) au Burkina Faso et du plan d’action qui l’accompagne.
Cette volonté de développer les compétences à grande échelle et tous azimuts au Burkina Faso répond à deux enjeux majeurs : l’arrivée sur le marché du travail de plusieurs centaines de milliers chaque année (ceux-ci étaient estimés à 287 000 en 2008, ils seront près de 500 000 en 2025), le faible niveau de qualification des travailleurs en particulier en milieu rural.
Les documents de la Politique nationale et du Plan d’action d’EFTP dressent globalement une image peu performante du système actuel de l’EFTP au Burkina Faso. Les principaux constats mentionnent que, à l’heure actuelle, le système produit, moyennant des coûts importants, relativement peu de ressources formées, dont les qualifications ne correspondent que très marginalement aux besoins des principaux employeurs et aux possibilités d’emploi ou d’auto-emploi de l’économie burkinabè.
Les formations dispensées sont en général décrites comme trop longues (et par là trop coûteuses), trop théoriques et peu adaptées aux besoins concrets des différents métiers et emplois auxquels elles sont censées former.
Pour certaines filières (agro-sylvo-pastorale, artisanat, mines etc.), pourtant très importantes dans l’économie burkinabè, le système ne compte que peu ou pas de formations. A l’inverse, pour nombre de filières tertiaires de comptabilité, secrétariat, économie, droit etc., où les besoins sont moins importants, le système continue de former massivement.
Dans une logique de massification de l’offre de formation en direction des jeunes (15 à 24 ans), le plan d’action national propose une répartition par secteur économique et par niveau de qualification. A travers des scenarii, il permet d’anticiper la montée en puissance du secteur et des dispositifs de formation. Au niveau des orientations, le Plan d’Action met en avant les filières porteuses en cohérence avec les cadres stratégiques nationaux. Il met également en avant des modalités de formation flexibles : formations modulaires de courte durée, alphabétisation-professionnalisation. Ce plan d’action permet donc de disposer d’un modèle de développement du secteur EFTP chiffré sur le moyen terme.
Dès l’adoption du document de politique nationale en juillet 2008,, plusieurs partenaires techniques et financiers, organisés dans un cadre de concertation dont le Luxembourg est le chef de file, ont signifié au gouvernement burkinabè, leur volonté l’élaboration et la mise en œuvre du Plan d’Action national de l’EFTP, de manière coordonnée.
Une des traductions concrètes de cette volonté d’accompagnement du nouvel élan de la formation professionnelle au Burkina Faso est le programme d’appui à la politique sectorielle d’EFTP (PAPS/EFTP) qui démarrera au cours du deuxième semestre 2012. A travers une mutualisation des appuis de l’Agence française de développement (5 M. EUR), de la Coopération autrichienne (1,8 M), de la Coopération luxembourgeoise (10 M EUR) et éventuellement d’autres partenaires, ce programme devrait permettre d’améliorer l’accès, la qualité et le pilotage du secteur de l’EFTP en mettant l’accent sur l’adéquation entre emploi et formation. Au total plus de 42 000 jeunes devraient à travers ce programme d’appui, bénéficier, à l’horizon 2016, d’une formation de qualité, favorisant leur intégration socioprofessionnelle.
Cet important programme d’appui au secteur de l’EFTP sera mis en œuvre par le Ministère de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, en collaboration avec les autres Ministères actifs dans le secteur. Le Fonds d’Appui à la Formation professionnelle et à l’Apprentissage (FAFPA) jouera un rôle essentiel pour le financement de la formation professionnelle et le renforcement de capacités des promoteurs et opérateurs de formation.
Quelques chiffres sur les dispositifs de formation et d’apprentissage au Burkina Faso
L’EFTP formel et non formel burkinabé a accueilli en 2008[1], un total de 35 000 apprenants environ sur une population potentielle de 331 845 pour ce qui concerne les jeunes qui sortent du système éducatif et de 287 000[2] pour les jeunes qui arrivaient sur le marché du travail en 2008, soit à peine 10%. Enseignement secondaire technique et professionnel (ESTP) : 25 587 élèves repartis comme suit : 6 065 élèves dans le dispositif public composé de 11 établissements ; 19522 élèves dans l’enseignement privé comptant 103 établissements.
Formation professionnelle non formelle : 1 850 apprenants dans les formations permanentes des 20 centres de l’ANPE (Agence Nationale pour l’Emploi) repartis en 1 561 formés par la voie de la formation de type dual et 289 par celle de la formation résidentielle. Dans le cadre du programme de formation aux métiers concernant « 10 000 jeunes », l’ANPE en collaboration avec des structures privées comptabilise un nombre de 11 910 jeunes bénéficiaires de formation. Ces formations sont réalisées selon 3 niveaux de 3 mois chacun. Par ailleurs, le nombre de jeunes en situation d’apprentissage dans les micro et petites entreprises (MPE) principalement du secteur de l’artisanat est estimé à environ 2 500 000 sur la base de 3 apprentis par atelier[3] pour un nombre total de 900 000[4] artisans.
Le projet d’appui à la formation professionnelle élémentaire (BKF/011)
Le projet d’appui à la formation professionnelle élémentaire (BKF/011) a débuté en 2008. Son intervention dans quatre régions du pays a permis d’appuyer 34 centres de formation, privés et publics, par des infrastructures, des équipements, de la matière d’œuvre et des formations destinées aux responsables et aux formateurs. Ces centres sont désormais pour la plupart en mesure d’offrir des formations répondant aux critères de qualité définis par la politique nationale.
Le projet a également soutenu la construction de la politique nationale et la définition de son plan d’action, et il a été la cheville ouvrière de la collaboration innovante entre l’AFD, l’Autriche et le Luxembourg, partenaires dans la formulation des appuis à la politique sectorielle.
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